
Une observation attentive montre que les média et particulièrement des hommes et femmes de média dotés d’une certaine visibilité avant l’arrivée du covid et qui à ce titre étaient jusque-là reconnus comme des voix critiques, sont tous du jour au lendemain devenus aphones. Ce silence est d’autant plus troublant que l’avènement et la gestion du covid depuis bientôt deux ans sont émaillés de nombreuses bizarreries, anomalies et contradictions flagrantes qui en temps normal n’auraient pas échappé à leur vigilance critique, à leur curiosité à fleur de peau, à leur volonté d’éclairer l’opinion ou de faire triompher la vérité en toute transparence.
Ces esprits naguère curieux, combattifs et cartésiens, toujours sur la crête du doute méthodique, sont devenus du jour au lendemain des dogmatiques de la dénonciation du complotisme. Malgré la réalité de la faible létalité du virus, des risques d’effets secondaires actuels plus ou moins graves et ceux que la nouveauté du concept de thérapie génique pourrait induire dans l’avenir, ces hommes de médias sont aussi des chantres de la vaccination. Même la mise en veilleuse du devoir de soigner occulté par la monomanie vaccinale ne les émeut pas ; au contraire, au nom d’une bonne volonté scientiste assez douteuse, ils restent droits dans leurs bottes.
En France ou dans la sphère francophone, de ce combat douteux, on peut citer trois mousquetaires : Michel Onfray, Edwy Plenel et Michel Collon.
Le premier passe pour un philosophe de gauche atypique, de sensibilité nationaliste étiquetée habilement souverainiste ; sa présence ubiquitaire sur les plateaux télé, sur internet et sur les réseaux sociaux arcboutée à une prolifération livresque où il y a boire et à manger, son goût de la polémique avec les mêmes poncifs mystifiants autour de Nietzsche ou Camus, lui confère l’image typique du philosophe 2.0. Tout cela aussi le rend éligible comme acteur dans la propagande covidiste, celui qu’il ne faut pas se mettre à dos, et qu’il faut au contraire avoir dans son camp pour en optimiser les chances de succès.
Edwy Playel est le directeur de Mediapart, un journal d’investigation, qui s’est fait connaître ces dix dernières années par son parti-pris de la transparence qui motive sa propension à dégoter des affaires impliquant les hommes qui gravitent autour de l’appareil d’État, à commencer par le noyau gouvernemental et ses principaux responsables. Nicolas Sarkozy et d’autres personnalités politiques françaises en vue ont fait les frais de cette truculence investigative. Mais avec covid, cette truculence s’est évanouie. Non seulement Mediapart fait économie de curiosité sur tout ce qui touche aux grandes questions qui font polémique depuis des mois concernant la gestion de la pandémie, mais il semble que sa seule obsession soit d’épingler ou de censurer certaines opinions taxées de complotistes – comme l’article de Laurent Mucchielli et cinq coauteurs, publié sur le Blog de ce chercheur au CNRS hébergé par Médiapart et qui a été dépublié en vitesse pour soupçon de complotisme. Décision absurde qu’on n’aurait pas pu imaginer de la part de ce journal si sourcilleux de la liberté d’expression, mais que la période de covid a rendu possible. Comme pour s’exonérer de cette incartade, le journal a rebondi dans la foulée en révélant un mensonge présumé de M. Macron sur la date exacte de sa vaccination : une manière de paraître critique vis à vis du pouvoir et en même temps d’améliorer en trompe-l’œil les statistiques de son intervention dans le débat sur la pandémie.
Enfin, il faut aller voir la piètre réaction de Michel Collon, le pourfendeur infatigable de la Françafrique, réaction pathétique à un sketch de Christophe Alévêque publié sur Youtube où l’humoriste se livrait à un impitoyable satyre de la gestion calamiteuse de la pandémie par le gouvernement français. Cette réaction dont l’argumentaire est spécieux, circulaire et pour tout dire infalsifiable, a tout l’air d’une commande, effort de guerre exécuté médiocrement.
Ainsi, dans la sphère francophone, — et on imagine que les covidistes en chef, qui ont préparé leur holdup pendant des dizaines d’années, ont dû faire le nécessaire partout ailleurs – ceux qui avaient été pressentis comme de potentiels empêcheurs de holduper en rond l’opinion ont fait l’objet d’une neutralisation amicale préalable. Ce n’est donc pas un hasard que ces trois mousquetaires tous de gauche quoique de sensibilités différentes se soient convertis en chasseurs de complotistes plutôt que d’assumer le pole cartésien du doute et du questionnement pour une transparence salutaire en temps de crise. Si bien que les seules voix de la résistance au holdup nommé covid sont celles qui, sorties de l’ombre, se sont spontanément élevées contre la cabale des psychopathes.
Aminou Balogun et Ahandeci Berlioz
