Trois morceaux musicaux différents par leurs époques et leurs lieux de naissance révèlent ici leur rapport à l’écrit. En effet, la longueur de leur rythme, leur caractère isométrique ou répétitif révèlent l’influence de la culture de l’écrit en vigueur dans la société qui a vu leur naissance.
Ainsi si la « Chifonnie » nous livre une chanson traditionnelle française, l’époque et le milieu populaire d’où celle-ci émane trahit bien la prépondérance de l’oralité en interaction dialectique avec la culture de l’écrit. En revanche, la chanson « Lende » du musicien Béninois Gbessi Zolawaji montre par la brièveté et le caractère répétitif de son rythme, qu’il relève strictement d’une tradition orale, malgré les arrangements modernes dont elle a fait l’objet. Enfin avec le « Concerto No. 5 in E-flat major, Op. 73 adagio un poco mosso » de Beethoven, nous plongeons dans une société quasi hermétique de l’écrit, que réfèrent les rythmes non colorés, indépendants et hétérométriques.
Moralité, le rapport à l’écrit détermine plus que nous ne le pensons nos productions culturelles, intellectuelles et technologiques, et son pouvoir épistémologique reste un facteur clé des différences culturelles entre les groupes humains à travers l’histoire. Dès lors, et sans jugement de valeur sur les productions d’époques ou de lieux différents, on ne soulignera jamais assez l’effet de ce que l’anthropologue anglais Jack Goody appelle technologie de l’intellect, caractérisant l’écrit.
« Les Trois hommes Noirs » la Chifonnie
Gbessi Zolawaji Lé n’dé
Beethoven : Concerto No. 5 in E-flat major, Op. 73 adagio un poco mosso
Alan Basilegpo