
La cinquante-septième Session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté économique de Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est tenue le 7 septembre 2020 à Niamey, en République du Niger, sous la présidence de S.E.M. lssoufou Mahamadou, Président de la République du Niger et Président en exercice de la Conférence.
Dans son communiqué final, la conférence a passé en revue une série de points à la fois conjoncturels et structurels. Depuis les mesures en vue de contenir la pandémie du Covid jusqu’à l’harmonisation des engagements des Etats membres sur l’adoption de la monnaie unique mise à mal par le guet- apens de la bande à Ouattara en liaison dangereuse avec la France. Dans leur communiqué final, les Chefs d’Etat ont rappelé que pas moins de cinq pays de la région — Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée et Niger –organiseront des élections présidentielles en 2020. La Conférence des Chefs d’Etat, « note avec satisfaction que la plupart des États membres ayant des élections en 2020, en seraient à leur cinquième ou sixième cycle électoral. Cela constituerait un test important de l’engagement de la région en faveur de la consolidation démocratique. »
Aussi appelle-t-elle les Etats membres à créer un environnement propice à la tenue d’élections pacifiques, inclusives et transparentes. La Conférence a appelé également les acteurs politiques à respecter les Institutions et les lois régissant le processus électoral dans leurs pays respectifs.
Et sur cette question très sensible des élections, la Conférence a instruit la Commission de la CEDEAO, conformément à la tradition, d’accompagner les pays dans leurs processus électoraux. En particulier, elle a chargé la Commission de continuer à déployer une assistance technique destinée à renforcer l’intégrité du processus électoral dans la région.
Malgré et sans doute en raison des précautions diplomatiques d’usage dans le communiqué final d’une conférence régionale – c’est-à-dire une réunion d’Etats à la fois proches et jaloux de leur souveraineté – où il faut dire l’essentiel de ce qui a été discuté dans l’intérêt commun sans froisser personne, force est de noter la clarté des recommandations des Chefs d’Etat sur la question sensible des élections présidentielles.
Parmi les trois préconisations des Chefs d’Etat sur la question des élections deux points méritent attention :
- L’appel aux Etats membres à créer un environnement propice à la tenue d’élections pacifiques, inclusives et transparentes.
- L’appel aux acteurs politiques à respecter les Institutions et les lois régissant le processus électoral dans leurs pays respectifs.
Or, sur ces deux points la Côte d’Ivoire de Ouattara est loin d’être en conformité. En effet, le climat de chasse aux sorcières judiciaire qui a astucieusement éliminé tous les candidats électoralement menaçants pour le pouvoir quel que soit son candidat, ne plaide pas en faveur de ce point. Le terrorisme que le pouvoir ivoirien fait régner dans le pays aussi bien sur l’opposition dont nombre de députés sont sous les verrous en violation de leur immunité parlementaire, que sur les populations aux prises à la violence policière voire le meurtre de dizaines d’Ivoiriens innocents dont le seul tort est de manifester pour leur droit, toute cette barbarie antidémocratique est loin de conforter l’environnement propice à la tenue d’élections pacifiques, inclusives et transparentes.
En ce qui concerne la candidature de Ouattara pour un troisième mandat qui est le gros point d’achoppement constitutionnel du paysage politique ivoirien, il n’est rien moins qu’un coup de force, un passage en force que Ouattara voudrait réaliser en comptant sur son pouvoir de répression mais aussi et surtout de corruption des personnes clés de l’armée et de la classe politique. De ce point de vue, la posture de Ouattara, grosse de risques de tensions, de troubles et de violences graves voire même de guerre civile, cette posture égotiste et irresponsable jure avec l’appel de ses pairs de la CEDEAO à « respecter les Institutions et les lois régissant le processus électoral dans leurs pays respectifs. »
Pour toutes ces raisons, et bien qu’il l’ait signé, on se demande si Monsieur Ouattara a bien entendu la mise en garde que lui adressent clairement ses pairs, à travers ce communiqué final. Le cas échéant, pour sa propre bonne gouverne, il a intérêt à mettre de l’eau dans son vin avant qu’il ne soit trop tard.
Bakayoko Amadi
