En Afrique, le pouvoir est perçu et conçu comme une chose personnelle, un moyen d’atteindre d’abord et avant tout des buts personnels. Cette approche idiote et égocentrique du pouvoir est l’une des sources de la corruption, car immanquablement, elle l’induit, l’implique et la nourrit.
Au Libéria, le président footballeur Georges Weah, fraîchement élu ne fait pas exception à cette règle vicieuse qui gangrène notre mentalité et nos pratiques. A peine installé au pouvoir, celui qui était censé être le représentant des «autochtones » écartés du pouvoir par les « revenants » américains dans un Libéria ethniquement, historiquement et politiquement clivé, décide de se faire plaisir sur le dos de sa nation, en conférant à ses géniteurs du monde du foot le titre honorifique le plus élevé du pays ! Le titre en question est celui du « Knight Grand Commander of the Humane Order of the African Rédemption » ; un titre que le Libéria peut attribuer aussi bien à ses citoyens qu’aux étrangers. Les bénéficiaires présumés de cette générosité honorifique pour le moins douteuse ne sont autres que les Français Arsène Wenger et Claude Le Roy. Mais qu’est-ce que ces Français ont fait au Libéria de si décisif et objectif pour mériter le titre honorifique le plus élevé du pays ?
A l’évidence, cette bonne volonté honorifique est suspecte, elle pue le fait du prince et le syndrome du bon plaisir. Elle traduit surtout la confusion des genres et la facilité sinon le naturel avec lequel, en Afrique, nos dirigeants confondent leurs intérêts personnels et l’intérêt collectif. Y a-t-il autre nom pour désigner la corruption ?
Aminou Balogun