
Le limogeage en cascade des responsables de la sécurité du Nigeria — Armée de terre, de l’air Marine, et Police — n’étonne personne. C’est de bonne guerre : un nouveau président s’entoure toujours dans ce domaine régalien conditionnant sa vie et sa survie ( biologique et politique) de responsables sûrs et dévoués. Or, l’ethnie, à condition de ne pas trop s’en enivrer, reste le bastion sacré de cette sécurité vitale.
S’en enivrer comme Buhari ; du temps de ce dernier, plus de 95% des chefs des institutions sécuritaires (Armées, Police, etc…) étaient de sa région, de sa religion, avec un grand nombre provenant de son État et de sa tribu… Ce dogme poussa Buhari, entre autres bêtises ahurissantes, à nommer un Chef de la police incapable de lire un texte en anglais, langue officielle de la fédération.
Il ne faut pas s’attendre avec Tibubu à ce genre de tribalisme borné, contraire à l’idéal du panafricanisme et de la compétence universelle. Tinubu nommera un nombre correct de Nordistes, et un nombre conséquent de Sudistes, de chrétiens et de musulmans, mais surtout, on peut espérer que, contrairement à son prédécesseur, il veillera à conditionner ses nominations à un minimum d’exigence de compétence.
Mais nous sommes au Nigeria, grande fédération ou l’argument ethnique et religieux est à la fois délicat et décisif. De ce point de vue, il ne faut pas s’attendre à ce que Tinubu sacrifie les siens sur l’autel du dogme républicain ou panafricaniste. A cet égard, la nomination du Chef suprême des Armées, le Major Général Taoreed Lagbaja, est on ne peut plus éloquente et en dit long sur les enjeux de l’exercice de nomination, la conscience de leurs implications sur le double plan de la sécurité politique et personnelle du dirigeant.
En effet, Taoreed Lagbaja n’est pas seulement un Yoruba comme Tinubu mais il est aussi, comme lui, musulman. Ainsi — on peut le dire — les deux mamelles de la sécurité du Président au Nigeria sont l’ethnie et la religion…
Adenifuja Bolaji
