Enhardi par le type de traitement appliqué aux Gilets jaunes en France, le Gouvernement néocolonial de Talon estime avoir avec la mère patrie un modèle clé en main : il mise sur le pourrissement des manifestations contre son holdup électoral. Mais tout le monde sait que les motifs de l’action des Gilets jaunes n’ont rien de constitutionnel. Aussi, faut-il être d’une insensibilité et d’un cynisme effarants pour donner une réponse psychologique à un problème constitutionnel.
Le problème constitutionnel c’est l’officialisation de l’exclusion du peuple béninois des élections législatives – paradoxe notoire, dans la mesure où les élections législatives sont des élections du peuple par excellence, celles censées élire ses représentants. Officialisation commencée dimanche dernier par une mascarade d’élections, et qui se poursuit par les gesticulations et des mises en scènes des institutions fantoches chargées de les conduire à leur terme en dépit du bon sens.
Et la réponse psychologique est celle qui fait appel au modèle du stimulus/réaction. Le coup de force politique est considéré comme un stimulus qui, en tant que tel, provoquera une réaction. A celle-ci, on apporte une réponse basée sur la gestion dans le temps. Ignorant le peuple dans son humanité et sa volonté, on le réduit à un système (organique ou mécanique) qui, ayant subi un stimulus, y réagira pendant une certaine durée dont l’amplitude, comme une vibration, ira en décroissant dans le temps. Pour ce faire, il importe donc, autant que faire se peut, de contenir cette réaction pendant le temps requis. Le peuple finira par digérer le coup ; il prendra son parti de l’exclusion de ses partis de la vie politique nationale et, bien vite, la vie reprendra son cours normal. Telle est la position de Talon, faussement calquée sur celle du petit père Macron…
Or, outre l’absurdité du mimétisme, en tant que gouvernant et élu, il faut avoir de l’exigence de justice pour le peuple une vision bien machiavélique pour se résoudre à cette rationalité de substitution, qui traduit un mépris profond de toute humanité : la sienne propre, et celle du peuple. Mais grande sera bientôt la surprise du néo-dictateur, quand le peuple fera la démonstration de la nature de sa volonté et de la force de son humanité ; le mimétisme bon marché de Talon aura alors fait long feu. Comme le dit le proverbe yoruba, celui qui veut imiter le caméléon doit se munir des tissus de toutes les couleurs…
Prof. Ahisu Bienvenu, Sydney