Nigeria 2019 : Chronique d’un Coup de Force Annoncé

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Dans  sa dernière lettre ouverte critique à l’égard de Buhari, M. Obasanjo affirme que celui-ci est devenu un émule d’Abacha, dont les méthodes et les plans machiavéliques n’ont rien à envier aux siens. Il semble bien que cette observation de l’ancien président  démontre de plus en plus sa plausibilité. En effet, à voir le «  body language » de Buhari, on peut affirmer sans risque de se tromper que les éléments du coup de force qu’il prépare pour février 2019 se mettent en place inexorablement.

Ce que veut Buhari – ou plus exactement la clique d’usurpateurs qui, selon les termes mêmes de son épouse, Aisha Buhari, exercent le pouvoir à la place de son mari – c’est que dans toute la chaîne d’organisation, de validation, et de confirmation des élections, il n’y ait pas un seul maillon faible non acquis à sa cause et prêt à la défendre bec et ongle, y compris jusqu’à la dernière goutte de son sang.

C’est pour cela que, outre le président de l’INEC ( l’instance organisatrice des élections) que Jonathan en son temps avait choisi hors de sa région et de sa religion, qui est un nordique musulman comme lui, Buhari a mis des nordiques musulmans à la tête de toutes les agences de sécurité du pays. La plupart d’entre eux étant originaires du Nord-ouest comme lui sinon de son État.

De plus, Buhari vient de faire placer sa propre nièce à la tête de l’instance de collation et d’agrégation des résultats électoraux.  Enfin, comme le Président de la Cour Suprême (Chief Justice of Nigeria, CJN) est une instance clé dans la confirmation des résultats électoraux, à trois semaines des élections,  Buhari vient, de démettre de ses fonctions l’actuel titulaire du poste, un homme de la région du delta qu’il a remplacé par un homme de sa région et de sa religion.

L’éviction du CJN arrive après une intense semaine de harcèlement politico-judiciaire. Alors que la presse avait fait état depuis des mois de soupçons de corruption pesant sur le Président de la Cour Suprême pour notamment fausse déclaration de biens, on ne comprend pas pourquoi après avoir fait la sourde oreille sur le sujet pendant longtemps, le gouvernement en fait une urgence à trois semaines des élections. L’accélération du calendrier de l’éviction du CJN, dont la légalité à en croire les connaisseurs du droit est sujette à caution, est une cause de légitime suspicion.

Bref, comme on le voit, les faits parlent d’eux-mêmes. Les conditions idéales d’un coup de force programmé sont réunies. Il semble bien que le plan de passage en force de ce régime qui n’a pas tenu ses promesses faites au peuple nigérian il y a quatre ans, est en marche. A moins d’un sursaut du peuple, la clique de marionnettistes pour qui Buhari n’est qu’un prête-nom et un masque vont sûrement renouveler leur licence de nuire au peuple nigérian pour les quatre prochaines années.

Adekoya Badero

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