Un nigérian, Père de trois enfants, Bayode Treasures-Olawunmi, a établi un nouveau record mondial Guinness pour « Le plus long Marathon de lecture » (Lecture à haute voix).
Bayode a établi le nouveau record à exactement 3h30 samedi, à la bibliothèque YouRead, Yaba, Lagos.
Il a commencé à lire à 13h30 lundi et a établi le nouveau record de 120 heures sur une période de cinq jours. Il a ainsi battu le record du Népalais Deepak Sharma de 113 heures 15 minutes établi en 2008, en lisant principalement la littérature nigériane des auteurs Toni Kan, Leye Adele, Sarah Ladipo Manyika et bien d’autres.
« C’est la chose la plus aventureuse que j’aie jamais faite en tant qu’individu. Il n’est pas facile pour un individu de s’asseoir et de décider de lire pendant cinq jours presque sans arrêt. L’objectif est de sensibiliser le public à la culture de la lecture et de l’écriture au Nigeria. J’ai prévu 20 minutes chaque jour pour manger, dormir et prendre mon bain. Je ne dors même pas très bien mais je suis content que ce soit fini et que j’aie établi un nouveau record du monde Guinness », a-t-il déclaré à Premium Times.
Bayode, un spécialiste des marques, a lu à haute voix pendant 122 heures et ne prenait que deux heures de pause toutes les 24 heures.
Pour s’assurer qu’il était en parfait état, une ambulance de l’État de Lagos était stationnée en permanence dans les locaux de la bibliothèque pendant que le défi durait.
Son épouse, Tosin, une experte en services financiers, a également dit à ce journal qu’elle était inquiète lorsque son mari l’a informée de son intention de lire sans arrêt pendant quatre jours.
« Je venais juste de rentrer du travail un soir quand il m’a dit qu’il voulait lire pendant 120 heures et j’ai fait la sourde oreille. Je lui ai dit que ce qui importait le plus était l’argent de la popote, de régler les factures et non de lire des livres. Je lui ai dit d’oublier cette idée parce que cela n’avait aucun sens.
« Quelques jours plus tard, il est revenu vers moi et a répété la même chose et comme d’habitude, j’ai pris ça pour un bluff. Mais une chose que je peux vous dire est que mon mari est si brillant et concentré. Nos enfants ont pris sur lui à cet égard. Maintenant, je me sens très heureux parce que c’est un rêve devenu réalité et je suis content de l’avoir finalement soutenu. »
Les sponsors de l’événement sont entre autres, Guaranty Trust Bank, Tagheuer, le gouvernement de l’Etat de Lagos.
En cette époque où la lecture a du plomb dans l’aile, et où l’Afrique qui devait relever le défi de la culture de l’écrit en raison de son passé d’indigence dans ce domaine — indigence dont la note induite a été historiquement sanglante et salée — en cette époque disons-nous où l’Afrique, avec hélas sa propre collaboration active, est piégée dans le ronron et le blaba des réseaux sociaux ( Facebook, Whatsapp, téléphone, télévisions) — miroirs aux alouettes de la culture de l’oralité — et où même le mail est passé au-dessus de nous comme une comète dont plus personne ne se souvient, en cette triste époque de l’abdication et de la facilité où, comme à notre vieille habitude, nous comptons sur les autres pour tout fabriquer là où nous nous contenterons à chaque génération de n’être que des usagers passifs, quitte à en payer volontairement ou non le prix fort, ah, qu’il est heureux de voir émerger un héros comme Bayode Treasures-Olawunmi, qui nous rappelle que l’illusion du raccourci dans laquelle nous nous complaisons au nom du mythe de l’égalité des hommes¹ est suicidaire et irresponsable. Car, ils ont beau être égaux, comme le clame l’axiome dormitif de la courtoisie internationale, tous les peuples du monde ne sont pas logés à la même enseigne de l’illettrisme et de l’analphabétisme : sous l’angle de leur résurgence ambiante, certains sont plus égaux ou vulnérables que d’autres…
Àlèlàgbà Báyonlé
¹En effet, si les hommes sont égaux, que les uns fabriquent tandis et les autres consomment revient au même… C’est pour cela que les Africains, plus que les autres êtres humains, prennent au premier degré l’idée de l’égalité des hommes qui, dans ce dual masqué de la jungle que constitue la vie humaine, n’est au mieux qu’un mythe.