Quand vous allez sur le site du Journal Nouvelle tribune, on se croirait dans une forêt de publicités, où le lecteur doit trouver son chemin intellectuel par des sentiers étroits et pris d’assaut par la chienlit publicitaire, qui pousse de partout. Déjà, il faut accéder au site, car d’une vigilance farouche le système du site est conditionné pour détecter ceux qui n’aiment pas la publicité, et qui utilisent ADBLOCK ou assimilés. Vous êtes invités à désactiver ces applications de protection contre la pub, condition absolue pour y être accepté ; sinon aller voir ailleurs si l’herbe informationnelle est plus verte.
Ce modèle économique de la Nouvelle Tribune, qui limite l’accès aux articles et les soumet à la condition de souscription, consciemment ou inconsciemment, s’inscrit dans une pratique des journaux francophones, dont le là a été donné par le Journal le Monde. On retrouve le même mimétisme dans les journaux français et francophones d’Europe, que ce soit en Suisse ou en Belgique. La raison pour laquelle le Journal le Monde et les Journaux de France ont été obligés de mettre en place ce modèle basé sur la souscription conditionnelle est lié au nombre du lectorat qui, dans l’espace francophone, est relativement réduit. Alors que dans l’espace anglophone dont le modèle est donné par les Etats-unis,(New York Times) ce modèle de chantage à la souscription n’existe pas parce que les sites et les journaux ne sont pas confrontés à un étiage du lectorat. Le Nigeria qui est calqué su ce modèle, ne pratique pas la souscription conditionnelle à la française.
Seulement une fois qu’un journal africain, comme Nouvelle Tribune, issu d’un pays particulièrement pauvre, sur le modèle d’un espace linguistique démographiquement contrarié comme l’espace francophone, a choisi d’imiter ses maîtres, il ne s’est pas contenté de s’arrêter en si bon chemin. Il déborde, dépasse les limites et ratisse large, jetant sans vergogne tout son dévolu sur l’offre publicitaire sauvage existant sur le net. Pour y arriver, tout un tas d’acrobaties sur le comptage et le décomptage des lecteurs effectifs a été mis en place et en avant dont la probité laisse à désirer.
Quand on regarde aujourd’hui l’aspect du site de Nouvelle Tribune, aucun cadeau n’est fait au lecteur, et aucun respect ne semble lui être dû. Il est envahi de publicités, comme si on faisait une conférence sur la relativité restreinte dans un marché tropical. Tout ça au nom de quelques miettes en euros ou en dollars qui, traduites dans notre CFA, visent à mettre du beurre dans les épinards, si ce n’est pas pour se procurer les épinards eux-mêmes.
Mais en toute chose, il faut savoir raison garder. La survie d’un organe de presse doit prendre en compte certes beaucoup de paramètres dont l’économique n’est pas le moindre. Mais un modèle qui exaspère la captation des déchets publicitaires en circulation sur le net au détriment du respect de ses lecteurs et de la bienséance intellectuelle se condamne tôt ou tard à une mort sûre : la Morsure publicitaire.
Agbopanzo Balthazar