Les Hͻli sont un peuple de l’actuel département du Plateau, d’origine yoruba, qui se sont illustrés par leur caractère indomptable et leur résistance à l’ordre colonial. Si Béhanzin est connu comme un grand héros de la résistance à la pénétration française, il le fut en tant qu’individu et avant la colonisation. Mais la résistance des Hͻli se distingue de celle de Béhanzin à un double niveau : d’une part, il s’agissait d’une révolte collective de tout un peuple, alors que Béhanzin connut beaucoup de traitres dans son entourage, et le nombre de résistants dans son royaume se comptait sur les doigts d’une main ; d’autre part la résistance des Hͻli se passait non pas avant mais en pleine colonisation.
Les actes de résistance des Hͻli étaient nombreux. Contrairement aux populations d’Ajatchε dont la servilité légendaire du roi Tôfa allait déteindre sur tous ses sujets, les Hͻli s’illustraient au contraire par la grève du zèle sinon le refus total de coopérer avec l’administration coloniale. L’un des points d’achoppements des Hͻli avec les colons était le recouvrement de l’impôt de capitation. Les Hͻli refusaient de payer l’impôt. La tactique de leur roi consistait à dire aux autorités coloniales qu’il n’était point obéi par son peuple. En cas de tournée administrative, les Français trouvaient le roi seul, tous les Hͻli s’étant évanouis dans la brousse.. En 1907-1908, un effort de police voulut obliger les Hͻli à se plier à la règle commune. L’impôt était généralement demandé pendant la saison sèche ; les Hͻli qui connaissaient bien le terrain s’évaporaient dans la nature. Le roi envoyait une petite somme et répétait sa rengaine : « Je ne suis pas obéi par mes sujets ». Et les choses trainaient jusqu’à l’arrivée des pluies qui coupaient les routes et tout était renvoyé à l’année suivante.
Pas bêtes les Hͻli ! Ce peuple venu d’Oyo puis chassé d’Ifè, dont les habitants, dotés d’une mentalité de fugitifs repliés dans une zone écartée, avaient toujours refusé de reconnaître l’autorité d’Abomey.
D’une certaine manière, c’est la même tactique que Yayi Boni, qui ne cache pas son origine Nago, vient d’utiliser dans ses démêlées avec les Hollandais. Avec les Blancs, contrairement à un Béhanzin qui était frontal, Yayi Boni, préfère le contournement et le subterfuge, comme le faisait jadis son grand cousin roi des Hͻli. L’Affaire du PPEA2 qui défraie la chronique au Bénin depuis plusieurs mois a été révélée au grand jour par les Hollandais. N’eût été leur opiniâtreté à faire rendre gorge aux pilleurs de l’argent du contribuable de leur pays, cette affaire, à l’instar des dizaines qui ont constellé le ciel sombre du régime Yayi, serait plongée dans la même nuit de déni et d’impunité. Dans un premier temps, fidèle à sa seconde nature, la partie béninoise a nié en bloc, et minimisé les faits. Les Hollandais sont revenus à la charge, en apportant des clarifications et des précisions sur les faits incriminés. Prise la main dans le sac, la partie béninoise ne peut plus se cacher derrière son petit doigt. Pour faire bonne figure, le Président Yayi pousse le Ministre directement en charge du dossier à rendre son tablier. Mais les Hollandais très déterminés n’entendaient pas se contenter d’un simple geste symbolique ; ils exigent que les responsabilités soient situées, et les coupables traduits devant la justice. Leurs pressions amènent Yayi Boni à envisager de traduire le Ministre Kassa devant la Haute Cour de Justice. D’une certaine manière l’Affaire mêle l’avanie au paternalisme occidental. Une chose est de dénoncer le forfait, une autre est d’imposer à tout un pays et à son chef la réaction qu’ils doivent avoir à cet égard, y compris moyennant chantage et menaces diplomatiques. Mais les Blancs sont les Blancs et tout le monde sait qu’il ne nous aiment pas, non seulement par mépris raciste mais parce que nous-mêmes nous conduisons en personnes méprisables ( En effet, il n’aiment pas non plus les Chinois d’un amour débordant mais il ne les méprisent pas car ceux-ci se respectent et se font respecter). Là-dessus, Yayi Boni encaisse le choc mais au lieu de jouer les baobabs résistants à la manière de Béhanzin, il préfère la méthode du roseau. Yayi Boni plie mais ne rompt pas. « Vous voulez que la justice passe ? Eh bien qu’à cela ne tienne, dit-il aux Hollandais, nous la ferons passer dans les règles de la Démocratie ». Après quoi, Yayi Boni envoie le Ministre Kassa se faire déshabiller à l’Assemblée ; mais les 41 députés du Président plus une poignée d’autres refusent de déshabiller le Ministre. Quand les Blancs Hollandais tourneront un regard accusateur vers lui, Yayi Boni se mettra à genoux devant eux, écrasera même une larme Charlie Hebdo, et dira comme son ancêtre Hͻli : « Je ne suis pas Obéi par mes Députés ! »
Abuché buché, comme le disent les Yoruba ! Mais qui pourra traduire ça aux Hollandais ?
Adenifuja Bolaji

