
Le gouvernement du Niger boude la main tendue de Talon, après le zèle assassin et servile de celui-ci, par lequel il a fermé frontières et port au pays frère du Niger. Jusqu’à quand le gouvernement du Niger boudera-t-il cette main tendue ? Il y a bien sûr des questions de responsabilité à assurer et à assumer de la part du Bénin. Et des questions juridiques et politiques avec la décision injuste et criminelle de la CEDEAO, une association à but économique qui s’arroge des pouvoirs politiques qu’elle n’a pas. À moins d’assumer qu’elle est un club de chefs d’État, imitant superficiellement pour l’Afrique ce que l’Union européenne est pour l’Europe. De toute façon, la CEDEAO est à l’image des soi-disant démocraties qui l’animent : une démocratie sans peuple.
Cela étant dit, il ne faut pas que le Niger confonde les gouvernants et les peuples, les dirigeants et les nations. La décision de Talon de soutenir passionnément le blocus du Niger sur ordre de la France n’engage que lui. En bon démocrate qu’il se prétend, il est à souhaiter qu’il en assume les responsabilités aussi bien au niveau du Bénin qu’au niveau du Niger — en espérant que la France pour laquelle il agissait, lui viendrait en aide.
Pour autant, des questions se poseraient si le Niger ne tournait pas la page et ne reprenait pas la normalité naturelle de ses relations avec le Bénin.
On nous dit que les nouveaux maîtres du Niger, à l’instar du Mali et du Burkina Faso, sont inspirés par le panafricanisme. Et il n’est que de voir les récents événements dont la réception en grande pompe de l’activiste radicaliste Nathalie Yamb, fervente combattante du néocolonialisme français, pour s’en convaincre. Alors, quel est ce panafricanisme qui ne pardonne pas au frère africain son erreur ?
Et en ce qui concerne le Togo, réconcilie-t-il les frères béninois et nigériens en prenant avec zèle et malice et sans autre forme de procès le marché portuaire du Bénin en direction du Niger ? Se croit-il panafricain ce faisant ? Quel est ce panafricanisme qui autorise à prendre la place d’un frère au motif d’en aider un autre au lieu d’agir pour les réconcilier ?
Le Togo est-il plus pressé d’entuber le Bénin, d’aider le Niger ou de faire des affaires de manière opportuniste, sans vergogne ni scrupule ? Si Faure Eyadema était panafricaniste, ça se saurait au Togo même… et depuis belle lurette.. En vérité, une histoire de Bon, de Brute et de Truand… Le western spaghetti à la Sergio Léone est-il digne du panafricanisme ?
Amanvi Boniface
