
C’est quoi cette histoire de l’indépendance d’un pays comme le Bénin ou le Mali ?
Avant de chercher à dire qu’on est Béninois ou Malien, il n’y a pas de mal et ce n’est pas bénin de questionner la notion d’indépendance du Bénin ou du Mali. Surtout si, Béninois ou Malien, on est citoyen, politique, Ministre ou Président.
On ne doit pas faire l’économie d’une telle question, qui est une question existentielle préalable. Car dans la vie – d’un individu ou d’une communauté – si nous voulons qu’elle ait un sens, nous devons nous acquitter de certains devoirs philosophiques et méthodologiques. C’est du reste ce que font naturellement les grandes nations du monde, ceux dont nous envions l’histoire ou les réalisations actuelles en croyant souvent qu’elles tombent du ciel, alors qu’elles sont le résultat de l’acquittement de ces devoirs philosophiques et méthodologiques.
En l’occurrence, en ce qui nous concerne, nous autres Noirs d’Afrique, si nous prenons la peine de nous acquitter de notre devoir philosophique, si nous essayons de questionner la notion d’indépendance que nous revendiquons sans savoir ce qu’elle recouvre, implique et suppose, nous nous rendrons compte qu’elle est vide et fallacieuse. Nous nous apercevrons qu’il y a toute une machinerie sophistiquée d’institution, d’organisations, de réalités, et de données mais aussi de volonté et d’idéologies qui entretiennent cette supercherie, qui fonctionne comme un dormitif.
A partir de là et tant que nous n’aurons pas déconstruit cette supercherie en nous extrayant corps et âme de la machinerie qui l’entretient ; tant que nous n’aurons pas fait correspondre notre réalité à l’idée souveraine de la souveraineté nous serons dans une forme inédite d’asservissement : l’asservissement travesti, joyau de manipulation serti dans un écrin de dénégation symbolique.
Faute d’accomplir ce devoir philosophique, nous signons la perpétuation d’un procès en animalisation intenté contre notre race par nos prédateurs historiques : parce que le principe de cet asservissement travesti est essentiellement raciste.
Alan Basilegpo
