Nigeria : le Vice Président Osinbajo Atteint du Syndrome de Ballachi

Le vice-président nigérian, Yemi Osinbajo semble atteint du syndrome de Ballachi. « C’est quoi encore ce nouveau syndrome? », demanderiez-vous. Oh, rien de nouveau sous le ciel ! Lisez ce qui suit, et vous comprendrez.

Dans le cadre de la primaire du Parti APC au pouvoir en vue des élections présidentielles de 2023, Monsieur Osinbajo, devrait déclarer sa candidature ce lundi 11 avril, clôturant des mois de mobilisations en coulisses qui ont alimenté les spéculations et opposé le n ° 2 à son ancien patron Bola Tinubu.

Selon des sources connaissant les plans, sauf changement, la déclaration de M. Osinbajo n’impliquera aucun événement officiel ni rassemblement public.

Il publiera plutôt une vidéo enregistrée d’une dizaine de minutes, s’adressant au public et déclarant son ambition pour 2023 de succéder au président Buhari. La vidéo sera distribuée sur ses réseaux sociaux et les sources ont déclaré que l’équipe de campagne se mettrait au travail immédiatement après.

Son style est différent de celui des autres concurrents qui l’ont précédé dans cet exercice de dévoilement.

L’ancien gouverneur de l’État d’Imo, Rochas Okorocha, s’est adressé à un rassemblement public partageant un modèle avec l’ancien gouverneur de l’État de Rivers et ministre des Transports, Rotimi Amaechi, qui a annoncé son intention jeudi devant un stade rempli à Port Harcourt.

M. Tinubu, ancien gouverneur de Lagos, et le gouverneur de l’État d’Ebonyi, David Umahi, se sont adressés directement à la presse après avoir, séparément, rencontré M. Buhari à la State House.

Cependant, la vidéo d’annonce de M. Osinbajo sera précédée d’un iftar cérémoniel – la pause musulmane du Ramadan – avec les gouverneurs de l’APC à sa résidence officielle ce soir, ont indiqué des sources.

Au rassemblement, il va informer les gouverneurs de son intention de contester ; cependant, il avait déjà dit à chacun d’eux individuellement.

Pendant ce temps, en préparation de la bataille pour choisir le ticket APC, le camp d’Osinbajo a déjà ouvert un bureau de campagne à Abuja.

En plus de voyager à travers les États pour obtenir du soutien, l’équipe de M. Osinabjo avait organisé des sondages d’opinion pour guider sa décision sur les élections de 2023. Dans l’un de ces sondages, les participants ont été invités à choisir leur président préféré entre Rabiu Kwakwanso, ancien gouverneur de l’État de Kano, M. Tinubu, et Atiku Abubakar, ancien vice-président.

Dans un autre sondage, les participants ont été invités à indiquer s’ils voteraient pour M. Osinbajo et celui-ci a, selon les sources, recueilli 63% de votes positifs.

En présentant sa candidature à la primaire APC où les identités régionales structurent les choix, le Vice Président Osinbajo assume le risque de se mettre à dos son mentor Ahmed Tinubu qui, sans être chrétien comme lui, est de la même extraction régionale yoruba. Tinubu a occupé jusqu’à présent le module spatial du chef du parti APC et, avec patience, a préparé son entrée dans l’atmosphère présidentielle après deux mandats consécutifs de M. Buhari. Or, voilà que l’homme qu’il a placé pour lui préparer le terrain, après avoir goûté aux délices du pouvoir, n’hésite pas à lorgner sur le même fauteuil présidentiel que lui !

Ce scénario de division régionale n’est pas sans rappeler le coup fourré de Balladur à Chirac en 1995. Un tel coup fourré pourrait être appelé le syndrome de Ballachi, à savoir la tentation pour un délégué politique de prendre la place de son délégateur et mentor à la faveur des circonstances. Comme on peut le voir avec Monsieur Osinbajo, la France n’a pas le monopole de ce syndrome qui visiblement est universel.

Adekoya Badero

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