
Pour se rendre compte de la mesure dans laquelle le Nigeria est devenu le passé d’une illusion, pays naguère économiquement solide et prometteur – solidité et promesse qui se sont volatilisées en quelques décennies — pour se faire une idée de cette vicissitude, pas la peine d’aller consulter des statistiques compliquées ou de s’imprégner des critiques pertinentes d’un Chinua Achebe ou d’un Wole Soyinka sur la question. Non, sans prise de tête, il suffit d’écouter attentivement Haruna Ishola dans son célèbre tube « Inà ti ràn » des années 70, lisible dans la vidéo ci-dessus et dont les paroles en yoruba sont lisibles ici
Dans le paragraphe suivant de la chanson, le célèbre chanteur parle de la femme et du mariage et énonce les conditions de sa préférence amoureuse :



Sans entrer dans le débat sur la dot et la place de l’argent dans la vie sentimentale sous nos cieux, retenons seulement que le célèbre chanteur, dans une hyperbole emphatique se dit prêt à payer une dot de 1000 nairas !. Selon l’intention poétique de cette hyperbole, 1000 nairas signifient une somme qui pour lui était censée être astronomique, une grande montagne qu’il était prêt à gravir pour ravir la femme de ses rêves : à savoir une jolie femme ayant des manières, c’est-à-dire bien éduquées. Or aujourd’hui si son fils qui est aussi chanteur devait énoncer la même hyperbole poétique, il dirait 10 voire 100 millions de nairas ! Outre le fait que les exigences des femmes sont peut-être devenues plus élevées, force est de reconnaître que, à l’instar de l’espoir placé dans le Nigeria par ses peuples et l’Afrique noire toute entière, la valeur du naira en quelques décennies s’est effondrée, dans un rapport vertigineux !
Omashéo !…
Parole de Ina ran
