Nigeria, 10 Athlètes Exclus à Tokyo : un Cheveu Vert sur la Soupe Blanche

Nnamdi Kanu le chef du groupe autonomiste ibo, IPOB, actuellement dans les fers de la justice régionaliste de Buhari, a l’habitude de dire que le Nigeria est un Zoo…

Sans forcément le suivre sur ce terrain de la comparaison zoologique, le moins qu’on puisse dire est que le Nigeria est la capitale africaine sinon mondiale du désordre, de la corruption et de la honte – surtout pour tous ceux qui pour une raison ou une autre se sentent proches de ce pays grand par la taille mais petit par l’éthique collective.

Tenez, le pays de Buhari – l’homme supposé intègre – vient de défrayer la chronique aux jeux olympiques de Tokyo, et ce de bien triste manière.

Dans une déclaration mercredi l’Athletic Integrity Unit (AIU), un organisme indépendant créé par World Athletics qui gère toutes les questions d’intégrité – à la fois le dopage et le non-dopage – a révélé que 18 athlètes ont été déclarés inéligibles.

Parmi ces exclusions, le Nigeria bat le record avec 10 athlètes déclarés non éligibles à la participation aux jeux.

L’AIU a expliqué que dans le cadre de la Règle 15 régissant les obligations antidopage des fédérations nationales, qui est entrée en vigueur en janvier 2019, les fédérations nationales sont tenues de veiller à ce que des mesures antidopage appropriées soient en place dans leurs juridictions respectives.

Pour l’année 2021, les sept fédérations nationales de « catégorie A » identifiées sont la Biélorussie, Bahreïn, l’Éthiopie, le Kenya, le Maroc, le Nigeria et l’Ukraine.

La honte du Nigeria n’est pas seulement dans le fait que le pays le plus puissant d’Afrique noire étale son inorganisation, et l’étendue de sa corruption à la face du monde. Du reste le Nigeria partage cette condition de non-respect des règles avec deux pays de l’ex-Union Soviétique – la Biélorussie et l’Ukraine – ainsi que deux pays d’Afrique noire – L’Éthiopie et le Kenya – et deux pays arabes – le Bahrein et le Maroc, ce dernier pays étant aussi africain. Ces distinctions ne sont ni anodines ni vicieuses car en matière de non-respect des règles, l’appartenance culturelle est plus parlante que l’appartenance géographique.

Mais ce qui fait la honte dans le cas du Nigeria hormis son statut de pays le plus peuplé et le plus riche  du continent, et qui  à ce titre était censé donner le bon exemple, c’est la sanction statistique négative qu’elle traine comme un boulet, avec 10 athlètes sur 18 exclus des jeux !

Buhari s’était fait élire en 2015 avec la promesse de lutter contre la corruption ; au mieux cette lutte s’est politisée et régionalisée, c’est-à-dire qu’elle n’était dirigée que contre les ennemis politiques du régime, pendant que le régime et ses soutiens surtout régionaux faisaient bombance et  business as ususal. C’est dans ce  climat de concussion et de désordre éthique que Monsieur Buhari s’est fait réélire malgré un bilan douteux sur tous les plans – économique, sécuritaire et éthique – et savez-vous par quelle magie ? Eh bien en truquant savamment les élections, sans que  ses opposants pussent faire entendre leurs protestations, avec toujours au Nigeria l’ombre portée du chantage à la guerre civile sur fond de la menace terroriste des islamistes…

Dans ces conditions, la Honte de Tokyo est tout sauf un cheveu vert sur la soupe blanche…

Aminou Balogun

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