
Le moins que l’on puisse dire c’est que la réalité de la liberté de la presse et de l’opinion s’est terriblement dégradée en Occident ces temps derniers et plus particulièrement en Europe de l’Ouest qui se targuait jusque-là d’un raffinement démocratique pour le moins sujet à caution
Cette dégradation drastique de la liberté de presse et d’opinion en Europe a suivi les lignes de force de la vassalisation spontanée de l’Europe aux États-Unis. Il n’y a qu’à voir comment Youtube, une plateforme américaine dont la mondialité a été naturalisée – comme celle d’autres semblables — censure l’opinion des citoyens européens sur maint sujet tenu pour sensible selon un principe de couperet dont l’arbitraire n’a rien à envier aux mœurs soviétiques en matière de surveillance ou de régimentation des opinions..
En dehors des actes de censure à la légitimité douteuse, et qui jurent avec les anciennes habitudes démocratiques, il y a eu l’invention ou plus exactement le détournement abusif et passablement malicieux des vocables « complotiste » ou « conspirationniste » que les représentants plus ou moins attitrés de la doxa médiatico-politique main stream jettent à la figure de leurs contradicteurs, ou – plus grave encore – à la figure de tous ceux qui se piquent de douter, même de façon cartésienne, tous ceux qui ont le courage de s’écarter de la pensée unique dominante, convenue à un moment donné ou à un autre de l’espace social, national voire international.
Ainsi en a-t-il été de la question touchant à l’origine du virus Sars-Cov2 : « Est-il un virus naturel ou artificiel ? ». Il y a peu, en France et sans doute aussi dans les autres pays de l’Europe, où sévit une chape de plomb sur le discours convenu concernant le Covid – ce qu’on peut raisonnablement en dire, en penser, et ce qu’on ne doit pas en penser et surtout en dire – quiconque se hasardait – fût-ce même dans une intention naïvement cartésienne – à poser la question de l’origine du virus était à son corps défendant, bombardé complotiste ; et, selon sa notoriété relative, était voué aux gémonies, couvert d’opprobre ; on émettait ou faisait semblant d’émettre des doutes sur sa santé mentale dans le but de l’humilier avant d’exercer à son encontre des rétorsions pour crime de lèse-pensée-unique.
Mais depuis que les États-Unis du bon président Biden – car eût-ce été le diable Trump, qu’il en serait allé tout autrement – ont décidé d’ouvrir une enquête sur la possibilité d’une origine artificielle du virus Sars-Cov2, avec en ligne de mire la responsabilité implicite de la Chine, eh bien, les langues de la presse occidentale jusque-là si pusillanime sur la question se sont miraculeusement déliées ! Du jour au lendemain, parler de l’origine du Sars-Cov2 n’est plus tabou et encore moins complotiste. Très vite, les journalistes jusque-là réservés, ou figés dans une prudence conformiste se sont enhardis et portés sur le créneau ; certain avec la passion de la vérité, d’autres mus par l’obsession existentialiste du scoop ou des calculs opportunistes – ou tous ces travers humains à la fois.
En revanche, d’autres ont considéré que cette évolution était le signe avant-coureur de l’écroulement du mur du mensonge qui séparait les consciences de la vérité sur le Covid.
Quoi qu’il en soit, cette situation en dit long sur le hiatus entre la grandiloquence posturale et passablement arrogante avec laquelle l’Occident s’arroge l’apanage de la liberté d’expression et la réalité ou plus exactement les déterminations politiques, géopolitiques et économiques de celle-ci.
En ce qui concerne la vérité sur l’origine du virus Sars-Cov2, un pas logique semble avoir été franchi dans la dualité manichéenne entre les tagueurs de complotistes et leurs victimes, un pas qui donne raison à ceux-ci. En effet, il va de soi que la décision de Joe Biden d’ouvrir une enquête qui pourrait aboutir à la mise à l’index de la responsabilité chinoise dans l’origine du virus ressortit d’une volonté de faire pression sur la Chine et ce en signe de la tension actuelle existant entre les deux superpuissances, au moment où l’une – l’ancienne – se fait inexorablement supplanter par l’autre – la nouvelle. Ce chantage géopolitique est de bonne guerre pourrait-on penser.
Or si les États-Unis décident de jouer sur le levier du chantage, c’est que ce levier est tout sauf imaginaire. S’ils n’avaient pas de bonnes raisons sinon la certitude que la Chine en est pour quelque chose dans ce que Trump en son temps appelait sans langue de bois « le virus chinois » les États-Unis n’auraient pas soulevé ce lièvre géopolitique. A l’évidence c’est qu’ils sont sûrs de leur fait, quitte à, selon la bonne volonté géopolitique chinoise, mettre de l’eau dans leur vin ou exciper d’un vrai-faux non lieu, le cas échéant.
Au-delà de la misérable condition de la liberté de presse en Occident et plus particulièrement en Europe que met en lumière la décomplotisation soudaine du questionnement sur l’origine du Sars-Cov2, la décision de Joe Biden de diligenter une enquête sur celle-ci prouve si besoin en est que le complotisme n’est plus ce qu’il était naguère.
Adenifuja Bolaji
