Côte d’Ivoire : Pourquoi Dramane Ouattara Fonce Tête Baissée ?

Ouattara et ses calculs

D’abord parce qu’il appréhende les conséquences d’une sortie dans l’atmosphère non-présidentielle où il pourrait avoir à faire face à ses crimes de tous ordres, restés jusqu’ici non-questionnés : crimes économiques, crimes politiques, crimes contre l’humanité, etc…

Mais la raison fondamentale pour laquelle il fonce tête baissée est qu’il est assis sur l’épaule de géants. Et ces géants sont les pays occidentaux, en tête desquels se trouve la France, et en France ses amis et complices comme Sarkozy. C’est eux qui lui ont confié la mission de représentant et défenseur de leurs intérêts, ils savent bien qu’il n’est pas ivoirien et l’ont imposé à la tête de ce pays qu’ils ne veulent sous aucun prétexte lâcher et dont ils ont embastillé le président authentique, Laurent Gbagbo. Le seul crime de ce dernier étant de se faire l’avocat non pas tant des droits – que l’on sait traditionnellement bafoués par les Blancs depuis des siècles –  mais de la survie des Africains de Côte d’Ivoire au milieu du pillage effréné orchestré par des Occidentaux.

Et, en l’absence d’un  nouveau missionnaire crédible aux reins solides, qui ne les trahirait pas, les Occidentaux, la France en tête, continuent de s’appuyer sur lui ; ils lui laissent carte blanche, y compris lorsqu’il se trouve dans une situation où il viole les règles et lois de la Démocratie, alors que c’était le principe du respect de celles-ci qui leur servit d’argument pour l’imposer à la tête de la Côte d’Ivoire.

Actuellement, que ce soit la France, ou les autres pays occidentaux – enfermés dans leur tour d’ivoire d’hypocrisie – tous font semblant de ne rien entendre, de ne rien voir. Ils jouent le « wait and see », pendant que leur ludion devenu fou tente de faire le «ça passe ou ça casse ». Les Occidentaux spéculent. Que faire ? Toujours prompts à tomber sur leur pied comme un félin, ils n’ont d’yeux que pour leurs intérêts et peu importe quel Africain leur servira de complice pour les défendre. C’est dire qu’ils ne suivront pas Ouattara jusqu’au bout de sa folie, et seront les premiers à le traîner devant leur juridiction idoine pour se défausser sur lui de leur inavouables espérances échouées.

Dans leur calculs machiavéliques, tout dépendra du nombre de morts, jusqu’à quel point le peuple Ivoirien exprimera sa volonté de se débarrasser de l’étranger qui les étrangle, jusqu’à quel point ils sont prêts à se sacrifier pour faire avancer la cause de leur liberté, de leur libération ; jusqu’à quel point ils sont prêts à défier les dangers, la répression, la mort. Tout dépendra du nombre de morts. Avec zéro mort, les Européens, officieusement, off the record,  sableront le champagne en félicitant à mot couvert leur missionnaire : «Bravo, ADO ! Tu connais bien ce peuple !  Nous le savions, les Nègres ne sont pas mûrs pour la liberté, ils ne savent pas en payer le prix ! ». Officiellement, ils feront le mort comme au Togo, où le passage en force du dictateur héréditaire érotomane a donné lieu à un silence complice où le peuple togolais qui souffre depuis plusieurs décennies est abandonné à son sort, dans la déréliction, malgré ses appels au secours… Hypocrisie rance… crapulerie absolue…Et le temps se chargera d’entériner le succès de leur ludion, dont la perpétuation au pouvoir sera peu à peu naturalisée, par des visites à l’Elysée, des accolades, des déclarations et des promesses etc…

Mais s’il y a plus de 100 morts d’un coup, alors c’est la mort du Burkinabè. Ses soutiens occultes, qui se terrent actuellement seront les premiers à vociférer des accusations à son encontre, à crier leur indignation, à parler de barbarie, de crimes contre l’humanité, et tutti quanti…

Mais on n’en est pas encore là, et Mossi Dramane espère éviter ce schéma funeste qui signera la fin de son aventure mercenaire en Côte d’Ivoire, la fin de sa folie…

Aminou Balogun

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2 commentaires

  1. L’auteur du texte pense que, s’il y a plus de 100 morts d’un seul coup en Côte d’Ivoire, les pays impérialistes, soutiens de Ouattara, la France en tête, risquent de lâcher leur poulain.
    Rien n’est moins sûr. En 2005, pour la succession dynastique de Faure Gnassingbé à son père, il a fallu le massacre de près de 1000 Togolais en moins d’une semaine (plus de 500, selon le rapport officiel de l’ONU). Et pourtant, aucun des pays impérialistes, notamment la France, n’a retiré son soutien au dictateur togolais.

    LAWSON Messan

    • Je suis d’accord que le cynisme des Blancs est sans limite mais il y a quand même quelques différences non négligeables entre le cas du Togo et le cas de la Côte d’Ivoire.
      D’abord, parce que le Togo est le dernier pays francophone de l’Afrique Occidental, là où la Côte d’Ivoire est non seulement le premier, mais un poids lourd économique de la Françafrique
      La Côte d’Ivoire a déjà un précédent de guerre civile gérée par l’ONU, ce qui n’est pas le cas du Togo, en dépit des soubresauts politiques endémiques à cette ancienne dictature.
      Contrairement au Togo, jusqu’ici, la Côte d’Ivoire est considérée comme une démocratie ; et la démocratie est le signe sous lequel l’Occident s’est rangé dans son soutien à Ouattara contre Gbagbo considéré comme dictateur. Donc c’est déjà très embêtant pour eux que Ouattara vire à la dictature, ce le serait encore plus si les violences électorales impliquaient un nombre dramatique de mort ; et alors, ils ne peuvent plus se cacher derrière leur petit doigt.
      Enfin, la question n’est pas la puissance de 10 qui décrirait le nombre de morts. Tout dépend aussi de la manière dont les choses se produisent et sont portées à la connaissance du monde. 500 morts au Togo que la presse complice égrène subtilement sur plusieurs semaines, ce n’est pas la même chose que 100 morts avec des images que les réseaux sociaux font circuler instantanément en direct live et en boucle. Il faut aussi signaler qu’en quinze ans il y a eu un énorme changement dans les moyens et les modalités de communication, cela fait une sacrée différence !

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