France, Ô Racisme Biscornu !

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Quand George Floyd a été tué de la manière barbare dont il l’a été, maintes clameurs se sont élevées pour exprimer colère, indignation et surtout dénoncer le racisme anti-noir qui a motivé cette immolation rituelle, qui n’est pas sans rappeler les lynchages et autres meurtres de Noirs des siècles passés en Amérique.

Ces clameurs émanaient aussi bien des individus en tant que tels que des institutions ou États en tant que tels. Aussi, tout naturellement, à l’instar de nombre d’Etats occidentaux, la France, à travers ses différents représentants, a-t-elle exprimé son indignation et condamné ce crime raciste comme cela se doit. C’est dire qu’en tant que nation ou État, la France est contre le racisme quel qu’il soit, et de quelque façon qu’il se manifeste. Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de racisme dans le pays. Il y a du racisme en France comme dans d’autres  pays qu’ils soient occidentaux ou non ; mais ce racisme est censé être le fait d’individus ou de groupuscules qui, non seulement sont en infraction avec la loi et les valeurs de la République mais n’agissent pas au nom de la France qui a pour devoir de les sanctionner. C’est du moins ce que nous sommes censés croire ou penser selon le discours officiel.

Mais tenez,  que penser de l’attitude d’une personne qui traite systématiquement une autre comme un demeuré ou un moins que rien si ce traitement a quelque chose à voir avec l’origine raciale de sa victime ? Ne dirait-on pas qu’il s’agit de racisme et que celui qui agit ainsi est un raciste ?

Dans l’histoire des rapports internationaux la sujétion de certaines nations et peuples par d’autres a souvent été motivée par le racisme surtout lorsque les faciès des nations en présence sont fortement contrastés. Tel est le cas depuis plus d’un millénaire des rapports entre les Noirs d’Afrique et les peuples à peau claire, notamment les soi-disant  Blancs, qu’ils soient Européens ou Arabes.

Or donc, que se passe-t-il au niveau des Etats africains dans leurs rapports avec la France qu’aucun audit international de l’ONU n’a jamais chercher à éclairer ? La question de l’Eco qui agite l’opinion africaine actuellement est un exemple qui montre comment les Africains sont tournés en bourricot, traités comme moins que rien par la France, qui spécule froidement sur leur sous-humanité, leur étourdissement mental consécutif à plusieurs siècles d’esclavage et leur incapacité à réagir en hommes libres.

De quoi s’agit-il ? Les Etats de l’Afrique de l’Ouest, dans le cadre de la CEDEAO n’avaient-ils pas le projet d’une monnaie commune nommée ECO ?  Un beau jour, la France de Macron qui n’a pas varié d’un iota dans son impénitence néocoloniale en Afrique malgré le rajeunissement de son président, se lève et, parce que le franc Cfa avec lequel elle gruge l’Afrique  depuis plusieurs décennies n’avait plus bonne presse, décide par un tour de passe-passe magique d’en ravaler la façade et de le nommer ECO. D’autorité, la France porte atteinte à l’unité des pays de la CEDEAO sans que ceux-ci ne lui aient rien fait de mal ; et elle se permet de piller la propriété intellectuelle de la désignation qu’ils avaient choisie pour leur monnaie dont la création était en projet depuis plusieurs années. La France donne l’ordre aux Etats francophones de la CEDEAO de renier leur engagement auprès de celle-ci, un peu comme si la Turquie ou la Russie venait intimer l’ordre aux Etats méditerranéens de l’Europe de renier leur engagement européen. Ce faisant, la France aux abois devant l’inéluctabilité de la liberté des Africains qu’elle a habilement confisquée depuis plusieurs décennies, agit comme si ses victimes étaient des demeurés, des peuples sans dignité et sans capacité de jugement, bref des moins que rien.

Lorsqu’une nation de Blancs dépositaire d’une histoire d’esclavage et de colonialisme – tous crimes motivés on le sait par le racisme – se comporte comme la France l’a fait à l’égard des pays africains de la CEDEAO, par quel autre mot peut-on qualifier son comportement ? En d’autres termes, quelle est l’idéologie qui est au principe d’un tel comportement ? Eh bien, le seul mot qui convient est « racisme », car cette manière de traiter les États de la CEDEAO, et pas seulement les Francophones à qui elle intime l’ordre de division, mais tous les États de la CEDEAO dont elle se permet de piller la propriété intellectuelle, eh bien cette méthode cavalière et paternaliste la France ne peut  oser l’infliger ni aux Algériens, ni au Vietnamiens, ni aux Belges.

Malheureusement – ou heureusement –, il n’y a pas deux sortes de racisme. Le racisme qui  tue George Floyd et que la France, à l’instar des nations civilisées du monde, condamne haut et fort, et le racisme qui est au principe du néocolonialisme qu’elle inflige de façon impénitente aux Africains depuis des décennies et dont l’épisode du pillage de la dénomination ECO est le dernier avatar grossier.

Adenifuja Bolaji

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