
Dans son démenti des informations faisant état de son éventuel exil en Côte d’Ivoire, M. Jonathan a admis qu’il était dans ce pays. Au passage, il a donné des précisions intéressantes sur son itinéraire avant son point de chute ivoirien. Il aurait visité des villes des États-Unis d’Amérique, Londres puis Paris avant d’arriver en Côte d’Ivoire.
Le crochet parisien pourrait être plus politique que touristique, puisqu’il eut lieu quelques jours avant le voyage de François Hollande à Abuja dans le cadre de la conférence sur la sécurité en Afrique de l’Ouest abritée par le Nigeria. Conférence au cours de laquelle la France a joué les avocats de l’aide aux pays africains concernés et au premier chef le Nigeria dans leur lutte contre le terrorisme.
Imaginer que François Hollande ait pris langue avec Jonathan sur les inquiétudes personnelles de ce dernier en promettant sinon de plaider pour son immunité du moins de jouer les Messieurs bons offices auprès de Buhari ne relève pas d’un délire associatif à l’état pur.
Dans cette hypothèse, il est loisible de supposer que la France a pu suggérer la garantie d’une couverture de l’exil de Jonathan en Côte d’Ivoire, ce pré carré français intouchable, spécialisé depuis des décennies dans les basses œuvres de la Françafrique. La Côte d’Ivoire est en effet connue pour son hospitalité atavique à tous ceux que l’Afrique vertueuse cherche à mettre en face de leur responsabilité notamment pour tout le mal qu’ils ont fait à leur peuple et au Continent.
De Ojukwu, le fomentateur de la guerre du Biafra visant à démolir la géante fédération nigériane pour le grand plaisir d’une France gaullienne qui, après avoir divisé l’espace francophone ouest-africain pour y régner sans partage, rêvait de faire une bouchée de ses restes ; à Blaise Compaoré, l’assassin de Thomas Sankara et dictateur impénitent devenu citoyen de Côte d’Ivoire par malice, ce pays dont l’actuel président originaire de Burkina Faso n’a pas craint de faire embastiller son prédécesseur autochtone comme aux temps des guerres précoloniales, ce pays disons-nous a toujours accueilli les ennemis de l’Afrique vertueuse, et endosse avec constance le manteau de servilité historique qui lui colle à la peau.
De plus, sous prétexte d’aider l’Afrique à lutter contre le terrorisme, le rôle de la France est un minerai d’ambigüité, marqué par la géopolitique cynique des intérêts. Que Jonathan ancien président Ijaw qui s’identifie au Sud-Est Ibo dont il porte aisément les prénoms Ebele Azikiwe ressuscite la logique néocoloniale d’antan en mettant ses pas dans ceux d’Ojukwu dont l’Afrique sait le rôle que la France et la Côte d’Ivoire ont joué dans son entreprise diabolique de démolition du Nigeria ressemble à s’y méprendre à un de ces actes de mimétisme dont la politique est friande et qui confortent l’illusion de la répétition de l’histoire.
En tout cas, compte tenu de tous ces faits du passé et du présent, difficile de considérer le séjour ivoirien de Monsieur Ebele Jonathan Comme relevant d’un simple hasard à motivation purement balnéaire
Alan Basilegpo
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