
Il faut y croire vraiment ou tirer sa certitude du diable pour espérer que le paysan béninois ordinaire — qui constitue la majorité des électeurs du pays — qui n’a peut-être commencé à entendre parler de lui qu’il y a à peine 6 mois, à qui M. Zinsou n’a jamais parlé dans sa langue les yeux dans les yeux, va quand même voter pour lui.
Monsieur Zinsou se pose comme l’épitomé de la valeur réelle des élections, en tant que pure production théâtrale où, en dehors de sa mise en scène, la voix du peuple n’entre nullement en ligne de compte. Monsieur Zinsou est l’épitomé et l’exaspération de ce qui s’est toujours fait au travers des élections au Bénin, où la fraude a priori, patronnée par les institutions arbitrales, — la CENA et la Cour Constitutionnelle –, est politiquement amortie par l’achat de conscience et des votes.
C’est le même scénario qui est mis en place pour 2016 : Argent, Manœuvres institutionnelles, Manipulation médiatique, et Coup de Force avec déploiement de l’Armée pour mater, étouffer toute velléité de révolte chez un peuple qui, depuis l’exil/trahison de Béhanzin, ne sait plus vraiment ce que indignation veut dire, et se fait plus volontiers pusillanime et égocentrique.
De 1996 à 2011, le schéma a réussi. L’une de ses plus ironiques victimes a été M. N. Soglo. De plus, depuis 2006, de mandature en mandature, le schéma gagne en violence, en implacabilité et en systématicité. Plus d’argent, moins de scrupule, moins d’états d’âme. Avec en 2016, un aspect d’aliénation, qui met à rudes épreuves la dignité nationale des Béninois. En effet, si le doddsisme est le procédé qui consiste à conquérir l’Afrique par l’intermédiaire d’une figure française métissée, le débarquement de M. Zinsou dans la course présidentielle en tant que dauphin du président sortant frise ce qu’il faut bien appeler le néo-doddsisme ; dès lors, il fait courir le risque d’une singularisation du pays de Béhanzin comme étant celui qui aura porté le néo-doddsisme sur ces fonds baptismaux, c’est-à-dire la recolonisation ambigüe du pays par un métis Franco-africain.
Réussira-t-il ce coup-ci ? Tout dépend de la détermination des acteurs en face, et surtout de l’éveil du peuple. Dans tous les cas, il faudrait beaucoup plus que l’argent pour acheter la dignité des Béninois. Et s’il plaît aux mânes de nos ancêtres, de nos héros –Béhanzin, Kaba et Bio Guerra, le Bénin n’entrera pas dans l’histoire de l’oppression coloniale de l’Afrique comme étant la terre natale du néo-doddsisme
Adenifuja Bolaji
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