Bénin : Yayi Boni, Docteur en Régionalisme

blog1
Yayi Boni a un irrésistible penchant à donner des réponses ethniques à des questions nationales de structure sociale ; aux questions de l’emploi, du recrutement et de l’embauche qui sont d’ordre social, comme à celles, plus politiques, des nominations en tous genres, il répond instinctivement par la logique de la priorité sinon de la primauté des « siens ». Comme si l’État, et ceux qui de façon contingente le dirigent sont là pour favoriser un secteur de la population au détriment des autres ; comme si la dimension hédoniste de l’encadrement du pays l’emportait sur sa dimension fonctionnelle, et que celle-là était le but final de l’accession au pouvoir. Bien sûr, nul ne peut nier le fait de la jouissance personnelle associée au statut social ou politique des acteurs, mais cette jouissance ne saurait devenir une fin en soi.
Malheureusement, sous le règne ténébreux de Yayi, l’Administration d’État et l’encadrement à tous les niveaux et dans tous les secteurs sont infestés par le virus du racisme régionaliste. Cette pensée et son mode opératoire véreux qui violent la constitution, et sèment l’injustice au sein de la nation, sont l’une des sources principales de la médiocrité devenue un mal endémique du pays.
Le parti-pris et l’aveuglement régionalistes de Yayi Boni sont actuellement dénoncés par l’UNAMAB, le syndicat des Magistrats, qui s’oppose à la volonté du gouvernement de régionaliser l’organisation du concours des auditeurs de justice ; manœuvres qui s’inscrivent en violation aussi bien de l’arrêté du 4 mai 2004 portant organisation du corps de la magistrature au Bénin, que du caractère national de ce type de concours. Persuadé que les revers judiciaires qu’il a connus ces dernières années, dans son bras de fer abracadabrant avec Talon sont dus à l’origine sudiste des juges concernés — origine contre laquelle, il n’avait trouvé rien à redire pendant la période faste de leur complicité — M. Yayi n’a de cesse de créer de toute pièce une pépinière de juges nordistes, c’est-à-dire, susceptibles automatiquement de le favoriser en toute circonstance. Voilà donc la justice qui, piégée au prisme mesquin de l’appartenance ethnique, devient juste ou injuste selon que le justiciable est Fon ou Bariba, Yoruba ou Dendi, Mina ou Ditamari, Aja ou Dendi…
Où va-t-on avec cette culture de la médiocrité, de la masturbation tribale, du morcellement de l’identité nationale qui se moque de l’unité nationale, du mérite et de l’égalité citoyenne ? La solution aux divers problèmes structurels du pays ne réside pas dans le régionalisme. Et la vocation d’un homme politique national comme le chef de l’État n’est pas d’être un dispensateur ethnique de jouissance. Avant de distribuer, même aux « siens », il faut produire. Pour produire dans ce monde compétitif où nous sommes, il faut bien s’organiser ; et bien s’organiser revient avant tout à dispatcher les hommes et les femmes dans la structure de l’encadrement selon leur mérite et leur compétence.
Monsieur Yayi Boni se dit Docteur en économie, et rechigne à agir selon des méthodes économiques plus en prise sur la compétitivité et l’ouverture que sur l’exclusion et l’autarcie régionalistes. Sa médiocrité en tant que Dr en Économie est l’illustration vivante du cercle vicieux du régionalisme et ses dégâts sociologiques. Et c’est à cela qu’il faut mettre fin si nous voulons sauver le Bénin et l’Afrique.
En quelque matière que ce soit, le Bénin a besoin de vrais docteurs pas d’un Docteur en Régionalisme.
Bachabi Alidou

copyright5_thumb.png