Pourquoi au lendemain de l’échec du vote de l’immunité du Ministre Kassa, Yayi Boni s’en va à Djougou faire un discours politique émotionnel et rhétorique ? Réponse simple : il a peur, il n’a pas la conscience tranquille. En même temps qu’il fait diversion et applique le principe qui veut que la meilleure façon de se défendre c’est d’attaquer, il prépare ses arrières pour après 2016, cet inconnu futur qui le hante terriblement.
Le discours délivre des messages sur sa grandeur d’âme, ses capacités rhétoriques et donc — piteux syllogisme — intellectuelles, et son sens des responsabilités.
Sans états d’âme, le discours, comme toujours chez lui, est manichéen ; séparant lui et les autres, le Nord et le Sud, son régime et ceux qui n’en sont pas, « les miens du pays profond » et les autres du pays superficiel.
Yayi Boni balaie méthodiquement mais non moins sélectivement le spectre des présomptions de culpabilité qui pèsent sur sa personne.. Et les passant en revue une à une, il y donne sa réponse, ses vues, ses appréciations et sa version des faits. Dans un monologue onirique, il pose les questions et donne les réponses. Il espère qu’après cela le débat sera clos. On n’aura même plus besoin, le moment venu, de l’envoyer devant la Haute Cour, car il a déjà pris de la hauteur et dressé sa tribune, où il fait ses dépositions en même temps que le verdict de son innocence absolue. Pour le reste, ceux qui n’y ajoutent pas foi, à l’instar des mécréants, des haineux, des corrompus, ne sont que des ennemis.
Il parle beaucoup de la paix, et taxe les autres d’en être ses ennemis. Étonnant de la part de l’homme qui naguère pouvait traiter un député de voyou de Jonquet. Étonnant de la part d’un président qui menaçait de « mettre le pays à feu et à sang ». Étonnant pour un Président qui a volé « son » deuxième mandat au risque de voir s’embraser le pays. Mais Dieu merci, le registre est tout onirique et subjectif.
Au détour de ses états d’âme, Yayi Boni profère des menaces et des mises en garde. Là aussi étonnant que ce président si doux à l’extérieur avec les Blancs, si généreux à leur égard de flagorneries et de génuflexions, n’hésite pas à menacer à l’intérieur ses propres concitoyens. Il y a là quelque chose de bizarre, et on se demande comment les Béninois dont un grand nombre sont descendants de ce Dahomey jadis si fier, ont pu subir cette curieuse avanie pendant bientôt 10 ans ! Comment un homme si complexé et soumis à l’extérieur peut-il les avoir tenus sous sa férule pendant si longtemps ? Qu’un Mugabé puisse les menacer est compréhensible car au moins on sait que celui-là n’est pas homme à baisser son froc. Mais que celui qui aussitôt passé les frontières de son pays joue les lèche-bottes des Blancs en vienne à terroriser son peuple est une sinistre expérience.
Pourquoi ce déballage de questions que personne ne lui a posées au lendemain de l’épisode honteux de la mise en échec de l’immunité de Kassa ? Parce que Yayi Boni est hanté par la noria de crimes imputables à son régime et à sa personne. La levée d’immunité de Kassa aurait été la porte ouverte à son propre déferrement devant la Haute Cour.
Et d’avoir, par cette résistance du Ministre Kassa, remporté ce qu’il tient pour une victoire dans le combat politique de son immunité, Yayi Boni a le cœur en joie en même temps que rempli de frayeurs anticipées. Aussi dresse-t-il sa Haute Cour Imaginaire pour exorciser ses peurs et ses angoisses. Il se fait juge et parti. Pose les questions et donne les réponses, et croit ce faisant avoir évacué pour de bon la problématique de fond de sa responsabilité. Naïveté autistique et despotique. A l’en croire, à défaut d’un Messie, le peuple Béninois a eu affaire en sa personne à un Ange, un Visionnaire, un Prix Nobel de la Paix ou un Mandela qu’une horde de mécréants essaient de couvrir d’opprobre.
Yayi Boni n’est pas l’assassin de Dangnivo ; Il n’est pas régionaliste — il ne va tout de même pas faire appel à des « Indonésiens pour diriger le Bénin en qualité de ministres » quand des Nago ou Nordiques peuvent faire le boulot.
Yayi Boni n’y est pour rien dans les scandales de CENSAD, de Machines Agricoles, de ICC Services, du Siège de l’Assemblée Nationale. Dans son rêve éveillé, face à sa Haute Cour Imaginaire, Yayi est blanc comme Neige. Mais dans six mois sinon avant — tout dépendra du tempo choisi par le peuple — ce tribunal imaginaire aura fait long feu. Et la Réalité reprendra ses Droits
Aminou Balogun


Merci, mon cher Balogoun pour faire écho de ce message aux béninois du sud qui étaient affairés aux cérémonies dominicales et n’ont pas écouté cette litanie de leur président!
Tout le plaisir est pour moi, mon cher MAK ! Porte-toi Bien !