Macky Sall, et sa Triste Candidature

Après le carnage qui a été sa réponse à la jeunesse protestante de son pays, Macky Sall a annoncé froidement et bestialement sa candidature à l’élection présidentielle de 2024, contre laquelle la grande majorité des Sénégalais se sont levés. Annonce faite, on s’en doute, avec la bénédiction de la mère patrie, la France ; celle-ci a consacré quelques jours auparavant une polémique absurde montée de toutes pièces autour de la thématique du 3e mandat hypothétique de Macron. Le but de la manœuvre étant de naturaliser /banaliser/légitimer le 3e mandat depuis la France, pays que malheureusement depuis Senghor, les Sénégalais prennent pour une référence en tout ou presque. C’est le coup de pouce de Macron. Et l’instant d’après, obéissant à un timing qui semble concerté, le ludion ose l’infâme en prenant le risque de mettre son pays à feu et à sang. Les dizaines de morts, des jeunes pour la plupart, du dernier épisode de violence provoqué par les diableries connexes et préparatoires à son intention de briguer un 3e mandat n’y suffisent pas ; ce n’était qu’un hors d’œuvre ;  il faut maintenant passer au plat principal de ce dîner de cons, au vrai carnage. Macky, par ce sale coup, veut faire comme Ouattara, l’autre valet de la France dans la région qui a réussi à imposer et consommer un 3e mandat sans que les Ivoiriens, peuple décidément moutonnier, lèvent le petit doigt. 

La France se sent en danger de disparition en Afrique avec la rébellion du Mali et du Burkina Faso, la défiance aguerrie de la RCA, elle tremble de perdre son espace de domination néocoloniale. Alors elle bat le rappel des troupes du dernier carré de fidèles, sans savoir ce qu’il adviendra d’eux dans la durée. Elle est prête à livrer un combat sur le modèle de la prise de Berlin, pays par pays, 3e mandat après 3e mandat, président par président,  jusqu’à renouveler sur une génération le cheptel de ses chiens couchants : Côte d’ivoire, Sénégal, Togo, Gabon, Congo… Le mot d’ordre est : serrer les coudes, faire violence, ruser, réprimer, tricher, foncer tête baissée pour faire durer le manège autant que faire se peut. Mais à ce train, pourquoi les salauds  prennent-ils la peine d’organiser des élections ? Pourquoi ne continuent-ils pas de gouverner sans se préoccuper de fausses légitimations ?  

Aminou Balogun