
Les Occidentaux, les Européens répètent à l’envi qu’ils sont des Démocraties, et ne ratent pas une occasion pour donner la leçon à telle ou telle « dictature » ou « délinquant démocratique » qu’ils vouent volontiers aux gémonies ; ce manichéisme délirant, mâtiné d’une bonne volonté paternaliste ne fait que naturaliser leur statut de démocratie putative. Pendant longtemps, ils ont joué sur la rime « Démocratie = pays riches » ; mais depuis que la Chine est devenue la première puissance économique, cette équation sibylline a été implicitement démonétisée.
Faut-il les croire sur parole ? Faut-il leur donner le bon Dieu sans confession, en matière de démocratie ? A la vérité, on pourrait démontrer que l’affirmation des Occidentaux d’être des Démocraties relève d’une vaine prétention.
Ne considérons même pas le cas particulier d’un pays comme la France où tout un système de fonctionnement concourt à court-circuiter la Démocratie dans son esprit et son fond, en n’en conservant au mieux que les apparences. On pourrait mentionner alors les coups d’état politiques savamment organisés qui, comme celui qui, en 2002, plaça Chirac face à Le Pen après avoir éliminé Jospin au premier tour, constituent des confiscations cyniques du pouvoir par une oligarchie au détriment du peuple ; ou le coup d’État médiatique qui, en 2017, sur des vétilles, élimine un candidat comme François Fillon au profit d’un Macron, rompu à la formule électorale du face à face gagnant avec Le Pen qui au nom d’un discours superbement manipulateur – le barrage contre l’extrême-droite — lui assure l’élection, et encore récemment la réélection haut les mains ! La différence entre tout le tintouin qui fut fait il y a cinq ans sur la corruption de Fillon et la brièveté de l’Affaire Mackinsay pourtant mille fois plus importante dans ses implications financières et politiques, en dit long sur le deux-poids-deux-mesures du système dans son ensemble – média, justice, pouvoirs publics. Et que dire des médias à la solde des pouvoirs, détenus par un quarteron d’oligarques milliardaires qui ont jeté leur dévolu sur la manipulation de l’opinion et de la classe politique. L’instrumentalisation des sondages aux fins de prédéterminer l’attitude électorale des citoyens sont autant de faits qui instaurent un climat endémique de manipulation qui dénature la Démocratie.
Mais laissons la France à son sort et à ses vices, et considérons l’occident dans son ensemble, dans sa prétention douteuse à la démocratie. Venons-en à une critique d’ordre étymologique inspirée par l’actualité : la guerre en Ukraine. Voilà une guerre dans laquelle tout l’occident a décidé d’en découdre avec la Russie, ce diable, ce vilain, pas tout à fait blanc, pat tout à fait asiatique. Pour ce faire, une avalanche de sanctions a été décrétée contre la Russie – et le mot « décrété » ici n’a rien d’anodin ni de fortuit – dans le but de la faire plier.
Mais le vrai problème est que, les sanctions, qui sont loin d’atteindre leurs buts affichés, coûtent cher aux pays qui les prennent ; les peuples de ces pays en payent le prix fort : pénurie, inflation, vie chère, disette, voire pauvreté et famine. Or le peuple qui paye le prix fort et souffre dans sa chair n’a jamais été consulté pour savoir dans quelle mesure son pays devrait entrer dans une guerre décidée en sous-main par les États-Unis dans son intérêt géopolitique et économique. A part le conditionnement et l’abrutissement propagandiste des médias, le peuple n’a jamais été associé de loin ou de près aux décisions qui l’impactent en retour dans sa chair et dans son être. Encore une fois, comme dans le cas du Covid, nos « Démocrates » paternalistes savent ce qui est bon pour le peuple et le lui imposent sans demander son avis.
Et pendant ce temps, comme en France, pour le distraire, on s’émeut de l’abolition du droit à l’avortement dans deux ou trois états des États-Unis ; et on distrait le peuple en invoquant la révision de la constitution française pour y enrayer la mise en danger du droit à l’avortement – le péril du siècle !
Et vous appelez- ça Démocratie? Bernocratie, oui !
Aminou Balogun
