
Si les Ivoiriens avaient fait une guerre pour se révolter contre la supercherie du troisième mandat de Ouattara, on aurait pleuré un nouveau déchirement national de ce pays qui n’en avait pas besoin.
Mais le fait que les Ivoiriens n’eussent pas guerroyé contre un homme qui a fait deux mandats et leur en imposait inconstitutionnellement un troisième, alors qu’ils n’hésitèrent pas à faire une guerre violente et fratricide contre un homme qui en avait à peine fait un, voilà qui fait encore plus pleurer tout Africain digne de ce nom.
Où sont aujourd’hui les Soro Guillaume et autres Ibrahim Coulibaly, alias IB, héros de la rébellion ? Etaient-ils une génération spontanée de redresseurs de torts politiques ou bien des intermittents du spectacle perfide de la Françafrique ?
En effet, selon que le crime reproché est commis par un « bon » ou un « mauvais » Africain, un ludion de la France ou au contraire un dirigeant difficile à domestiquer, il devient un casus belli pour les Africains ou au contraire un non-événement moral et politique. Quelques metteurs en scène obscurs de la pègre néocoloniale française sur un scenario éculé inspiré par le principe de diviser pour régner, engagent des acteurs opportunistes selon un casting enté sur nos vices et nos réflexes infantiles de colonisés. Dans ces conditions, peut-on encore parler d’autodétermination en ce qui nous concerne, nous autres Africains ? Peut-on parler de lucidité ? Voire même de conscience de soi et de notre être au monde ? Peut-on parler de liberté intérieure lorsque sur une simple pichenette depuis Paris, Londres ou Washington, tels des chiens dressés, nous pouvions nous étriper les uns les autres ou au contraire nous calmer langue pendante, queue entre les jambes comme de gentils toutous ? Notre propension à nous étriper pour un oui ou pour un non au gré du bon vouloir des Blancs est directement proportionnelle à l’enthousiasme infantile avec lequel entre deux guerres nous nous donnons des « mon frère » ou des « ma sœur » …
Comprendre que la guerre de Côte d’Ivoire qui a fait tant de victimes, occasionné la chute de Gbagbo, instrumentalisé politiquement son emprisonnement en Europe pendant dix ans, et son acquittement tout aussi instrumentalisé ; comprendre que tous ces événements, loin d’être essentiellement le résultat de la volonté des Africains, ne sont qu’en vérité les scènes d’une pièce de théâtre savamment conçue et réalisée par les Blancs et dans laquelle nous avons, en véritables zombis, joué des rôles qu’ils nous ont distribués pendant que nous croyions agir par nous-mêmes, comprendre cette vérité qui définit notre condition d’aliénés est source de tristesse.
Notre condition de colonisés continue d’être un lourd handicap mental, culturel et intellectuel qui nous expose à la sujétion du premier venu, y compris d’un pays décadent comme la France qui n’est rien sans l’Afrique noire et qui de toutes ses anciennes colonies — tout continents et races confondus — ne s’enhardit à tenir en laisse que les Noirs…
Aminou Balogun

Bonjour,
Cher Balogun, ton texte ne saurait être plus illustratif que ce qui se passe dans les anciennes colonies (aujourd’hui pseudo Etats, dits souverains), en particulier les colonies intégrées à l’AOF&AEF. Tristes spectacles et mises en scène pour un rien ; que dis-je, pour l’intérêt individuel. Ainsi va l’Afrique et d’autres contrées du Tiers Monde. Sauf que la Lutte Continue.
Oui cher Florent ne baissons pas les bras : la lutte doit continuer et nous vaincrons, car la liberté n’est pas réservée à quelques happy few..