3ème Mandat : Ouattara Jette le Masque de Pseudo Démocrate Devant une France Honteuse

Il fut un temps – il y a une dizaine d’années de cela – où il fallait que Ouattara devînt Président de  Côte d’Ivoire.  Pourquoi ? Au nom de la Démocratie, de l’égalité citoyenne, et contre le régionalisme et l’exclusion dont il serait victime.

Pour accomplir cet objectif humaniste et progressiste, la France a mobilisé tout son savoir-faire politique puis, comme Gbagbo, l’ennemi à abattre, n’était pas né de la dernière pluie politique, elle lui donna son armée sous la houlette féroce d’un Sarkozy qui inaugura en Côte d’Ivoire la saignée africaine dont le meurtre de Kadhafi constituera le point d’ogre.

Le harcèlement politique de Gbagbo durera une demi-douzaine d’années de rébellion, insufflée par Ouattara et soutenue par la France pour rendre, comme celui-ci n’en faisait pas mystère, la Côte d’Ivoire ingouvernable. Mais comme Gbagbo tenait bon, la France décida d’en finir et imposa sa supériorité militaire qui se conclut pas le bombardement du palais de ce président nègre qui avait le toupet de tenir tête à la Grande France. Tout cela se fit proprement sous la bannière de l’ONU. La France pouvait se glorifier d’avoir amené au pouvoir un grand démocrate  africain, économiste de renom, qui allait sauver les Ivoiriens de la misère dans laquelle les avait plongés l’arbitraire d’un tyran sanguinaire.

Ainsi revêtu de la livrée du diable, Gbagbo fut éliminé du jeu politique ivoirien, envoyé à plus de 6000 km de sa terre natale, comme la France le faisait naguère aux résistants à la conquête coloniale. Le président Nègre récalcitrant éliminé, la marionnette française adoubée pouvait être mise en selle.

Dans la même période et depuis lors, les démocrates africains qui avaient applaudi l’œuvre humaniste de la France en Côte d’Ivoire, espéraient qu’avec la même hargne et la même détermination, la France ferait souffler son vent de démocratie et de justice sur des pays comme le Togo, dirigé depuis des décennies par la même famille et le même clan, le Congo de Sassou Nguesso, le Cameroun de Biya, ou le Tchad de Déby pour ne citer que ces exemples phares de dictature autocratique qui cachent bien d’autres en Afrique.

Mais non, après cette oeuvre grandiose, la France sombra dans une cécité politique et éthique pour le moins déconcertante. L’urgence à rétablir la Démocratie en Côte d’Ivoire jurait avec le silence sur les viols permanents des droits politiques et humains à l’honneur dans maints autres pays francophones dont les dirigeants ont pion sur rue à Paris et sont reçus chaleureusement à l’Elysée en leaders sages et dignes de respect, des hommes fréquentables, bons sous tout rapports.

Chez la France, le parti-pris d’une attitude de deux-poids-deux-mesures dans ses rapports avec les pays africains le disputait à la passion monomaniaque pour la Côte d’Ivoire et la sauvegarde de sa démocratie. Or, justement, voilà le démocrate Ouattara qui fait parler de lui. Il vient de violer publiquement la constitution de son pays en briguant un troisième mandat. La plupart de ses concurrents sérieux font l’objet d’une élimination judiciaire ou d’une chasse aux sorcières implacable. Des députés de l’opposition sont incarcérés en violation de leur immunité parlementaire. Depuis l’annonce de ce forfait, plus de trente Ivoiriens innocents sont déjà tués par les forces de l’ordre pour avoir protesté contre l’arbitraire de Ouattara. On ne compte pas le nombre de blessés.

Mais la France qui a remué ciel et terre pour amener Ouattara au pouvoir au nom de la Démocratie ne dit rien ; elle se terre et fait le mort. Va-t-elle abandonner la Côte d’Ivoire au même sort que le Togo ou le Congo ? Parmi ceux qui crurent qu’elle avait délogé Gbagbo du pouvoir pour de bonnes raisons, qui croirait aujourd’hui la France lorsqu’elle prétendrait intervenir en Afrique au nom de la Démocratie ?

Adenifuja Bolaji

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