Je vous Présente la Danse Acrobatique Aérienne du Bénin

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La danse acrobatique sur bambou s’appelle apanu. C’est  une danse qui s’exécute par un ou plusieurs acrobates-danseurs. L’espace de la danse est une arène où un ou plusieurs bambous longs de 13 mètres environ ont été mis en terre selon un rituel et des techniques méticuleux. Dans un premier temps, l’acrobate danseur commence par danser au sol comme un danseur ordinaire, en rendant honneur au rythme ambiant dont il s’imprègne et qui le galvanise. Puis dans un second temps, vient le moment de la défiance des lois ordinaires de la gravitation. Tel un athlète chevronné, le voilà qui attaque le tronc du bambou et amorce son ascension nœud après nœud. Merveilleuse, son agilité tient à la fois du singe et de l’écureuil. L’espace d’une sidérante minute, le voilà au haut du bambou d’où, au rythme de la musique ambiante que son oreille parvient à capter,  il se livre à une série d’acrobaties toutes plus osées les unes que les autres. Le spectateur profane n’en croit pas ses yeux, et tient son souffle. La danse aérienne dure une dizaine de minutes et, tel un reptile, l’acrobate glisse le long du bambou vers le sol, se réconciliant avec les lois de la gravitation qu’il venait de défier.

La danse apanu, comme maintes danses ou pratiques culturelles et cultuelles du Bénin, est un mixte de la culture yoruba et aja. Le non apanu vient du yoruba oparun, qui veut dire bambou.

De même le titre incantatoire du groupe Dawé de la vidéo, «  Otchoupa okpé médji » qui dans la graphie officielle yoruba peut s’écrire : « Os̩úpà o’ pé méji » veut dire que la terre n’a pas deux lunes. Pour des gens qui toisent le ciel, cette vérité astronomique n’est pas un vain mot.

Regards extérieurs sur apanu

Le Bénin fascine dans les airs

Programmée pour la cérémonie d’ouverture, la troupe béninoise « AGBE DE HOUEDO » a présenté un spectacle de danse sur bambou. Mis en scène par Hermas GBAGUIDI, le spectacle, fait de danses, de sons et d’acrobaties, a fasciné plus d’uns. La scène présente deux bambous plantés dans le sol à moins d’un mètre l’un de l’autre. Habillés en tunique de couleur blanche et jaune, les artistes béninois (Anicet ADANZOUNON, Assoe DEDEGBADA, Daniel DEDEGBADA, Georges DJIDONOU) s’avancent sur la scène dès l’annonce de leur prestation. Tout en chantant, ils tournent autour des bambous plantés avant de s’installer.

Après quelques minutes d’animations musicales, l’acrobate (Albert AGBA) surgit du public. Torse nu, amulettes au cou, il avance, à pas cadencés, vers les bambous. Danses, rituels et bénédictions du metteur en scène, Hermas GBAGUIDI et le voilà prêt à grimper sur le premier bambou. Le public retient son souffle. L’acrobate empoigne le bois et s’élance dans les airs. Quelques minutes plus tard, il est déjà à l’extrémité du bambou. Avec une dextérité surprenante qui laisse pantois le public, le jeune acrobate effectue des danses sur le bambou avant de se pencher pour accrocher le second bambou et s’y engager. Il joue encore quelques instants avec les deux bambous avant d’amorcer la descente.

« Ces béninois sont forts dêh », confie, hébétée, une spectatrice à sa voisine qui a toujours les yeux fixés sur l’extrémité des bambous, alors que l’acrobate est déjà presque au sol. Elle n’en revenait pas et répond à l’autre, « c’est pas possible. Comment il a fait ? ». Une question que se pose la plupart des spectateurs ayant assisté à cette présentation. Une question sans réponse qui renforce davantage leur admiration après cette prestation béninoise. Et ils promettent tous d’assister aux deux autres prestations du Bénin prévues tout au long des RIAC. Peut-être qu’ils finiront par percer le mystère !

 

« Ils ont demandé des bambous de 13 mètres. Trois. J’attends de voir comment ils veulent faire ». « Vous êtes venus avec du sable du Bénin, vous dites ? Ah, vous nous préparez quoi ? ». L’attente aura été (un peu) longue ; l’excitation à son comble. Depuis leur arrivée le 8 août à Angers (France) dans le cadre de l’édition 2015  des « Accroche-cœurs », les Béninois et leur spectacle « Danse sur bambous » suscitent des questions. Et les premières représentations données par la délégation le vendredi 11 n’ont fait qu’accentuer ces interrogations… Reportage.

Vendredi 11 septembre. Il est presque 20 heures à Angers (Maine-et-Loire, France). Plus précisément au Parc de Balzac. Depuis plus d’une trentaine de minutes, le 2è spectacle de la délégation béninoise participant à la 17e édition du festival des arts de la rue « Accroche-cœurs » a pris fin mais la Promenade Yolande d’Aragon ne désemplit pas.

Plusieurs curieux tournent encore autour des Béninois qui viennent de prester. Les questions sont récurrentes : « Comment fait-il pour aller si haut et se maintenir ? Comment arrive-t-il à faire toutes ces acrobaties ? ». Malgré les explications d’Hermas Gbaguidi, le directeur du Centre d’écriture, de Scénographie, d’Administration de Compagnie et de Mise en scène (CESAM) qui produit le spectacle « Danse sur bambous », les spectateurs restent incrédules.

D’autres, plus courageux, s’approchent des bambous plantés au sol et duquel vient de descendre le danseur du groupe. Les enfants, sous l’encouragement de leur parent, entreprennent de le monter. A peine décollent-ils du sol. Les jeunes, ne dépassent pas un mètre avant de redescendre sur terre. Et de regarder le danseur qui, de retour des loges après s’être changé, est « récupéré » par des compatriotes béninois vivant à Angers.

Une scénographie millimétrée pour un spectacle époustouflant

30 minutes avant leur première représentation du jour  prévue pour 17h, tout est en place. Malgré la difficulté à creuser les deux trous de moins d’un mètre prévu pour accueillir les bambous, la délégation béninoise a bonne mine. Les micros sont testés dans une ambiance festive avec des rythmes typiques du Bénin. Ce qui eut pour effet d’attirer quelques curieux.

17h. C’est du bar implanté sur la Promenade que surgissent les chanteurs du groupe. Avec des chants rythmés au son des gongs qu’ils portent, ils avancent au milieu du public vers le centre où sont implantés les bambous. Ils font des arrêts au niveau des spectateurs pour les saluer. Une dizaine de minutes plus tard, les voilà tournant autour des bambous pour des « rituels » dont eux seuls détiennent les secrets. Ils s’agenouillent. Toujours en chantant.

Quand ils rejoignent les chaises disposées non loin des bambous, le public est encore plus intrigué. Certains, pour se rassurer qu’ils sont bien au spectacle « Danse sur bambous », car ne voyant pas de danseurs mais des chanteurs, reprennent leur programme pour vérifier. Et quand, suivant presque le même itinéraire que ces chanteurs-accompagnateurs, le danseur fait son apparition dans son accoutrement, tous les yeux se tournent vers lui. A pas lent, dansant sur le son des tam-tams, il avance vers Hermas Gbaguidi devant lequel il s’incline avant d’empoigner un des bambous.

« Mais qu’est-ce qu’il fait ? »

Commence alors pour les spectateurs, la partie du spectacle tant attendue… et espérée. En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, voilà le danseur au sommet d’un des deux bambous plantés. Là-haut, entre danses et acrobaties, il passe d’un bambou à un autre sous le regard stupéfait des centaines de spectateurs. Durant la dizaine de minutes qu’il passera haut perché, le danseur n’a eu aucun mal à retenir l’attention des spectateurs.

Et à chaque seconde, des interrogations dans le public. Comme ce jeune homme qui s’exclame « qu’est-ce qu’il fait » au moment où le danseur passe d’un bambou à un autre. Une interrogation qui  résume parfaitement l’étonnement des spectateurs présents cet après-midi à la Promenade Yolande d’Aragon.  Car si avant le spectacle, ils se montraient incrédules en prenant connaissance de la description du spectacle dans la plaquette officielle (Page 33), l’après spectacle les a laissé, non pas sur leur faim, mais avec une envie de comprendre.

Comprendre. D’environ 400 personnes pour la première représentation, le nombre de spectateurs est passé à 500 pour la deuxième. Mais la curiosité reste intacte. Et même s’ils n’ont pu avoir de réponse à toutes les questions posées à la fin des représentations, les Angevins restent toujours intrigués par ce bout d’homme qui défie les bambous. Ils se promettent déjà de venir encore nombreux aux quatre représentations qui restent, avec des amis. Peut-être que ces derniers comprendront. Sinon tant pis, le spectacle vaut (quand même) le détour.

Ahandessi Berlioz

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