Bénin : La Fin d’une Époque, Vœu d’un Nouveau Style Démocratique

blog1

Avec Kérékou qui vient de mourir, et surtout avec Yayi Boni qui doit partir — départ qu’il faut vouloir comme une mort politique — il est à souhaiter que le prochain président ramène le Bénin et son État dans l’ornière de la tempérance et de la bienséance des formes ; que l’émotionnel soit bridé par le rationnel, l’église par l’État, le fait du prince par la loi. Que cette piteuse tendance de Yayi Boni à tout mélanger, à se mêler de tout, à méconnaître son rôle, ignorer sinon mépriser les limites de son pouvoir, abuser de ses prérogatives, bref, il faut que ce manque de savoir vivre au sommet de l’État prenne fin.
Un exemple actuel quoique révélateur de ce désordre des formes est donné par la manière dont l’État, à travers son chef, s’implique dans l’événement du décès de son prédécesseur. Dans une posture dramatisante qu’il affectionne plus que tout, le chef de l’Etat fait un message à la nation pour annoncer le décès de son prédécesseur. Or, quel que soit le respect qu’on peut estimer devoir à un ancien président, celui-ci n’est plus un personnage public, et son décès ne concerne pas l’État en tant que tel. L’annonce d’un tel événement n’est donc pas du ressort du chef de l’État, et surtout pas sous une forme qui mobilise le dramatisme formel de l’État. En principe, dans une démocratie normale, l’annonce du décès de l’ancien chef de l’État doit être faite par sa famille ou ses ayant droit. A charge ensuite à l’État, ses diverses institutions, et notamment à son chef de réagir à la nouvelle en disant, en leur nom personnel et au nom de l’État, tout le bien qu’ils pensent du disparu.
C’est ainsi que les choses se passent dans les sociétés démocratiques, où l’émotionnel ne submerge pas la rationalité légale, les pouvoirs sont séparés et où nul, fût-il le chef de l’État n’abuse de son rôle ni des formes.
Sans préjuger du respect qu’on lui doit, un ancien président n’est pas un membre du gouvernement, et par conséquent toute appropriation formelle par l’État de l’événement de son décès est un contresens démocratique. Ce n’est là qu’un petit détail insignifiant, une goutte d’eau dans l’océan des excès, dérapages, mélanges des genres, abus de pouvoir, que le penchant populiste et la valorisation de l’émotionnel au détriment du rationnel fait commettre à Yayi Boni tous les jours que Dieu a crées. Toutes choses qui, à l’instar de sa propension à violer la constitution, ont contribué à arriérer la culture démocratique dans notre pays.
Espérons que de ce point de vue, en avril 2016, une nouvelle page sera tournée, ouvrant la voie à  un nouveau style démocratique, qui honore notre pays et restaure son image.
Adeleke Bolanle

copyright5_thumb.png

Publicité