La presse nationale et les réseaux sociaux font abondamment état ces derniers temps des tracasseries subies par l’entourage familial de Monsieur TALON Patrice, l’homme d’affaires béninois accusé de tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat béninois YAÏ BONI, et qui a été contraint de s’exiler en France avec sa famille. D’autres béninois sont aussi allés en exil forcé dans le cadre de la même affaire.
Or l’article 16 de la Constitution du Bénin dispose : « Aucun citoyen ne peut être contraint à l’exil ».
Tout le monde sait aujourd’hui que YAÏ BONI a été débouté de sa requête contre TALON par la Justice.
Avec le récent refus de visa d’entrée au Bénin au fils TALON qui est franco-béninois force est de penser que le chef de l’Etat est toujours habité par un sentiment de vengeance contre son père Patrice TALON. Le moins qu’on puisse alors dire : c’est injuste, choquant et scandaleux; c’est à croire que le chef de l’Etat est au-dessus des décisions du tribunal, donc au-dessus de la loi. C’est de la mégalomanie pure et simple à son niveau.
Je rappelle que la Constitution du Bénin dit clairement dans son article 7 :
« Les droits et les devoirs proclamés et garantis par la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples adoptée en 1981 par l’Organisation de l’Unité Africaine et ratifiée par le Bénin le 20 janvier 1986 font partie intégrante de la présente Constitution et du Droit béninois. »
Et justement l’article 12 de cette Charte Africaine, alinéa 2, proclame : « Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. Ce droit ne peut faire l’objet de restrictions que si celles-ci sont prévues par la loi nécessaire pour protéger la sécurité nationale, l’ordre public, la santé ou la moralité publiques. »
En quoi le fils de Monsieur TALON, né de père et de mère béninois donc citoyen béninois, constitue-t-il une menace contre la « sécurité nationale », « l’ordre public », « la santé ou la moralité publiques » pour que l’Etat béninois lui refuse le droit d’entrée et de séjour dans son propre pays? L’Etat béninois ne justifie pas par la loi sa décision arbitraire contre le fils TALON à qui on ne saurait opposer sa nationalité française car légalement l’acquisition de cette dernière nationalité ne supprime à aucun béninois sa nationalité béninoise d’origine.Il y a bel et bien dans cette affaire une double violation de la loi par l’Etat béninois : violation à la fois contre la Constitution béninoise et contre la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.
Fort de mon expérience personnelle j’atteste avec assurance que sans passeport ou visa de voyage l’homme est profondément meurtri moralement dans son cœur. Il vit dans l’inquiétude au cours de ses déplacements. En effet, contraint à l’exil politique en mai 1989 j’avais fui du Bénin sans aucune pièce d’identité sur moi, mon passeport ayant été confisqué par la police béninoise quand je fus arrêté, et la carte d’identité délivrée à l’époque portait la mention « n’est valable qu’en république populaire du Bénin ». J’avais traversé le Nigéria, puis circulé au Cameroun jusqu’au bureau du HCR à Yaoundé en ayant pour « passeports » : ma foi en Dieu, mes prières à Lui adressées et exaucées, la bienveillance des agents rencontrés aux différents postes de contrôle et mon diplôme de Docteur d’Etat en médecine obtenu à l’université de Paris VI.
J’imagine donc aujourd’hui et je partage la grande douleur du fils TALON face à l’injustice qu’il a subie.
Dans le sillage de cette affaire le Consul Général du Bénin récemment nommé à Paris a été révoqué. Il venait d’inviter la diaspora béninoise en France à une rencontre pour son recensement en vue de l’élection présidentielle de 2016 au Bénin. J’étais prêt à y participer mais la rencontre fut annulée à cause de ce limogeage. Voilà un résultat de la mauvaise gouvernance de YAÏ BONI qui méprise les droits de cette diaspora et la pénalise de fait. L’enjeu donc pour nous de la diaspora béninoise en France c’est au minimum la sauvegarde de nos intérêts auprès des services du Consulat Général du Bénin à Paris.
La lecture approfondie qu’on peut faire de ces actes de l’Etat béninois est que ce sont les droits des citoyens béninois dans leur ensemble qui sont visés de loin. C’est un danger, une menace contre ces droits.
Il y a donc lieu de mettre en garde l’Etat béninois contre la récidive de ce genre d’agissements.
Qu’il soit clair pour tous. Il ne s’agit pas de se battre pour une personne donnée à la tête du Consulat, ni pour une personne et sa famille. C’est tout simplement une action citoyenne d’importance capitale tant à présent que pour le futur après le départ de YAÏ BONI du pouvoir en 2016.
En tout état de cause les hommes passent au pouvoir mais le peuple béninois demeure.
Merci de relayer cet appel partout : médias et réseaux sociaux.
Docteur Afolabi BIAOU
Résident béninois en France

