Avec le dernier coup de théâtre qui a secoué la scène politique nationale, on peut croire que le pays ou Yayi Boni n’ont rien compris ou appris de l’erreur politique que représente l’oiseau rare. Et outre le fait qu’il n’a même pas été laissé du temps au pays pour tirer toutes les leçons qui découlent de l’expérience, Yayi Boni a amené autoritairement un autre oiseau rare qu’on peut traiter de tous les noms : étranger ou inconnu politique, messie, intrus etc..
Mais contrairement à ce que pourrait laisser croire l’autoritarisme passablement malicieux avec laquelle Yayi Boni a opéré, un progrès a été quand même réalisé. Avant, il ne fait aucun doute que Yayi Boni était aussi le candidat de la France pour laquelle il a travaillé corps et âme, servilement ; une France qui, du reste, dans une certaine mesure, le lui a bien rendu. Cf. tous les micmacs de l’ancien ambassadeur de France dans son intrusion dans la vie politique nationale, le soutien du PNUD piloté localement par une représentante qui a des liens avec la France et enfin le holdup électoral lui-même qui connut le feu vert de l’ancienne puissance coloniale.
Aujourd’hui, avec un Lionel Zinsou même et surtout flanqué des Bouygues, Bolloré et Consorts, la liaison française a le mérite de la clarté ; elle est si flagrante et claire qu’on n’ose même pas croire que l’intéressé puisse faire plus de zèle en la matière que son prédécesseur éventuel.
Un autre progrès par rapport à Yayi Boni c’est que contrairement à celui-ci qui a sauté à pieds joints dans la barque présidentielle en 2006 sans connaître une période de préparation, M. Lionel Zinsou, son dauphin présumé voire plausible, aura au moins 10 mois de période probatoire au sommet de l’État.
Donc, au-delà de l’idée première selon laquelle on n’aurait rien retenu en termes de leçons de l’erreur politique que représente l’oiseau rare, on ne peut pas dire que les expériences passées n’ont servi à rien. En effet, s’il est vrai que l’oiseau rare continue de tournoyer au firmament du fantasme politique national, à chaque période de son survol, le cercle qu’il décrit se rétrécit un peu plus. En fin de compte ce qu’on peut regretter le plus dans l’oiseau rare c’est moins sa notion que la manière dont il est amené, moins son principe que le principe autoritaire de son parachutage.
Dr Zéphyrin Aklassato |