L’Inévitable Destin de Bayo : la mort à droite ou à gauche

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Il y a parfois des dilemmes auxquels, d’une manière absurde, on ne peut échapper. Comme le révèle un fait dramatique arrivé au Ghana et qui a fait l’objet d’un jugement pour le moins ambigu. Le tribunal de la région du Haut-Ouest au Ghana vient de condamner à mort par pendaison un certain Andrews Bayor Yuoni pour meurtre de son voisin. La victime et son meurtrier sont des fermiers et disposent en commun d’un intérêt planté d’arbres. Selon l’accusation, le meurtrier, de retour de sa ferme le 31 mai 2011, trouve la victime, Jonas Kwame Yeleliere en train d’élaguer un manguier situé sur leur parcelle commune. Bayor demande à Kwame de quel droit il se permet d’élaguer l’arbre. Une dispute éclate entre les deux voisins qui dégénéra. Kwame attaque Bayor avec sa machette ; mais avec habileté celui-ci parvient à désarmer son assaillant, l’attaque à son tour et lui inflige des blessures mortelles.
Le tribunal a donc condamné Bayor à mort par pendaison. Un verdict qui soit dit en passant est assez sévère pour un meurtre où est absente la dimension de préméditation. L’émotion et ce réflexe presque inconscient de vengeance qu’inspire l’horreur du crime semblent avoir guidé la décision du jury pour ne pas prendre en compte le caractère accidentel du drame.

Mais par-dessus tout la réflexion qui accapare l’esprit est celle du dilemme dramatique dont on ne peut échapper. Il doit être écrit quelque part que le sieur Bayor devait mourir. Car s’il ne s’était pas défendu contre la charge violente de sa victime, il est presque sûr que c’est lui qui en aurait payé le prix fort. Et, s’étant défendu–certes avec fureur au point d’aller jusqu’à commettre un meurtre, le voilà malgré lui dans les griffes de la même mort.
Et la question qui vient à l’esprit tout aussitôt est celle-ci : fallait-il que Bayor se laissât tuer de prime abord ou, comme il l’a fait, en laisser le soin à la société via un verdict plus que douteux… ?

Alan Basilegpo

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