Niger : le Nigeria Donne une Belle leçon de Démocratie à la France

Le Sénat nigérian s’est opposé à la volonté de M. Macron d’intervenir au Niger sous le faux nez de la CEDEAO pour y rétablir soi-disant la démocratie. Les Nigérians ne sont pas dupes. Ils savent que dans Nigeria, il y a Niger. La décision de l’institution présidée par M. Akpabio est salutaire car il est logique qu’un rétablissement de la démocratie, même par voie militaire, se décide démocratiquement. Malheureusement, ce principe logique n’est pas le fort des pays francophones au régime présidentiel autocratique et qui agissent sous la dictée de la France. 

La France elle-même, dans ses activités néocoloniales, ou même dans ses affaires intérieures, au nom de dogmes ou de consensus frauduleux, ne brille pas par un respect  sourcilleux des règles démocratiques, notamment dans le domaine régalien des interventions militaires et dans celui de l’action internationale qui constituent le domaine réservé du président de la République. 

Ainsi, quand la France de Macron a voulu badigeonner la façade du franc CFA en détournant la dénomination choisie par la CEDEAO, il a suffi qu’il en donne l’ordre à ses ludions francophones, dont le premier est Ouattara, et le tour est joué. De la Côte d’Ivoire au Bénin en passant par le Mali et le Burkina de l’époque, tous se sont pliés à l’ordre de Macron qu’on n’ose même pas appeler un ordre français vu que la France ou les Français précisément n’y furent impliqués que de façon lointaine et latérale à travers quelques tractations techniques en commission parlementaire. Cependant, en Afrique, les seuls acteurs de cette décision d’envergure qui engage la souveraineté des États étaient les présidents, ces hommes tout-puissants qui, sur le modèle français centralisé, décident de tout sans concerter personne, surtout pas leurs peuples. En Afrique, et plus particulièrement en Afrique francophone, la démocratie sans le peuple est une seconde nature qui sied à l’ordre néocolonial en vigueur. Bien que que la décision de créer ou de changer une monnaie soit importante dans la vie d’une nation, les pays francophones vont y passer sans que jamais les peuples aient pu donner leur avis, parce que, à 5000 km de là,  la France, ou plus exactement un homme, Macron, en a décidé ainsi, et les présidents africains, ces lions tout puissants chez eux, mais chiens couchants de la France, s’exécutent avec servilité et alacrité. 

Malheureusement, la France ne réserve pas ce fonctionnement autoritaire et antidémocratique aux seuls pays africains : elle se l’applique à elle-même. Ainsi en est-il des conditions de participation à la guerre en Ukraine par la France. La Constitution française stipule clairement que toute intervention militaire à l’étranger d’une durée supérieure à quatre mois doit faire l’objet d’une décision parlementaire. Or, depuis plus d’une année que la France est activement engagée dans la guerre en Ukraine,– financièrement, médiatiquement, militairement, techniquement, logistiquement —  jamais Macron n’a cru devoir s’en référer au Parlement de France, et ceci en flagrant délit de violation de sa Constitution. Posture arrogante, déshonnête, et autoritaire pour le moins antidémocratique. C’est selon la logique de ces mœurs dissolues que la France a donné l’ordre à ses ludions d’Afrique de décider d’une intervention au Niger. Et ceux-ci ont embouché en chœur la trompette belliqueuse de l’intervention, à coup de menaces et de rodomontades. Chiens, ils ne pouvaient rien refuser à leur maître tout puissant ni penser associer leurs peuples à une décision où ceux-ci sont les premiers à souffrir et à payer un lourd tribut. Ce qui en soi est une absurdité scandaleuse et pathétique. 

Heureusement que, relevant d’une tradition anglo-saxonne plus démocratique, et d’une conscience plus libre des enjeux politiques du continent, le Nigeria a fait entendre la voix de la démocratie, celle qui prend en compte les intérêts des peuples africains avant ceux des multinationales occidentales, et plus particulièrement de la France dans son obsession néocoloniale. 

En fin de compte, chacun est dans son rôle. Et, chloroformé par l’Occident qui a fermé les yeux sur les trucages ayant présidé à son élection frauduleuse, dorloté par la France qui l’a pris en charge médicalement bien avant son élection, Tinubu devait montrer sa gratitude. Plaçant ainsi son bon plaisir et ses intérêts personnels au-dessus du bien-être de son peuple, de sa sécurité. D’où ses rodomontades et ses décisions précipitées. Mais les élus nigérians en ont décidé autrement.

C’est très heureux que cette leçon de démocratie vienne du pays le plus peuplé et le plus puissant économiquement d’Afrique. Puisse la France de Macron, ne pas l’oublier. Toute l’Afrique ne peut constituer le paillasson d’un dirigeant français, dût-il se prendre pour Napoléon ou Jupiter. 

Adenifuja Bolaji