
Avec le soutien des Occidentaux, de l’ONU et de la France, Ouattara a manu militari remplacé Gbagbo, en tant que figure idéale d’une démocratie que ce dernier est censé avoir défigurée, trahie, violée. Bien que les accusations contre Gbagbo eussent tourné en eau de boudin, on était encore en droit de croire que l’opposition manichéenne entre lui et Ouattara sous l’angle de la Démocratie avait du sens et était fondée dans les faits. Mais les agissements de Ouattara qui, entre révisions opportunistes de la constitution, répressions politiques sanglantes, assassinats, corruption, achat de conscience, simulacre d’élections, qui l’ont conduit à briguer et gagner un troisième mandat prouvent qu’il n’était pas plus démocrate que Kim Jong Il, le président Nord Coréen, à ceci près que celui-ci ne meurt pas de l’être. Tout ceci dans un silence effarant des Occidentaux qui naguère se scandalisaient de présumées violations des principes démocratiques par le régime Gbagbo et qui tout à coup, devenus sourds, aveugles et muets, ont perdu leur antique amour pour la démocratie en Côte d’Ivoire.
Les agissements de Ouattara prouvent deux choses exclusives l’une de l’autre et une troisième plutôt transversale, c’est-à-dire l’ombre portée des deux premières.
Ou bien la passivité étourdissante des Ivoiriens naguère guerriers de la démocratie prouve qu’ils sont un peuple mouton, comme le disent les critiques sans concession, plus ou moins mal intentionnés. Ou bien leur silence désabusé prouve que les Ivoiriens sont un peuple pacifique, un peuple épris de paix et de sagesse.
Car les crimes antidémocratiques, économiques et politiques de Ouattara, ignorés, banalisés, déniés, et naturalisés par les Occidentaux, la France en tête, ces crimes dépassent de loin les vétilles politiques reprochées naguère à Gbagbo, cause de la guerre civile, qui se solda à la fois par son renversement, sa perte de liberté et sa mise à l’écart pour assurer à Ouattara les pleins pouvoirs.
Et pourtant, tel un enfant prodigue, Ouattara s’en donne à cœur joie de faire pire aujourd’hui sans qu’aucune guerre civile – réaction de défense saine de la démocratie, — ne soit déclenchée contre lui et son régime. Le visage du marigot politique ivoirien est calme, aucun mauvais vent ne le fouette. La « communauté internationale » et la France naguère si soucieuses du bien-être politique des Africains restent muettes comme une carpe. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et tout se passe comme si, en Afrique, du Mali au Tchad, en passant par la Côte d’Ivoire, le Togo ou le Congo, ce n’est pas tant les viols de l’impubère Démocratie qui comptent que celui qui la viole et dans l’intérêt de qui il la viole.
Et c’est à ce niveau qu’intervient le troisième facteur, qui est un facteur transversal: à savoir que le dénominateur commun de l’état de guerre ou de paix en Afrique, de passivité ou de terrorisme, c’est la France. Tous les moyens sont bons pour assurer ses intérêts au détriment des peuples africains. S’il faut la guerre fratricide, à la limite du génocide, les déferrements devant des juridictions ad ‘hoc, le terrorisme sournoisement assisté par l’Occident (TSAO), la France ne lésine pas sur les moyens ; s’il faut la paix à la limite de la passivité, le silence face aux crimes politiques les plus abjects, la France la garantira et y travaillera avec alacrité et ardeur.
Si les serviteurs de la France sont au pouvoir tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes – et les crimes les plus abjects sont tenus et traités comme des non-évènements ; mais si un serviteur du peuple africain parvenait au pouvoir, la moindre vétille souvent imaginaire sert d’étincelle à l’embrasement d’une guerre, d’un génocide, qui doit finir par le rétablissement des intérêts français !
C’est ainsi qu’il faut comprendre l’Arrogance des Ouattara, et Consorts.
Adenifuja Bolaji
