
Depuis Hegel au moins, les Européens sont enivrés de l’Histoire ; ils pensent qu’elle est du côté de ceux qui la font. Aussi n’ont-ils de cesse de la faire, voire d’en faire au détriment des autres, de tous les autres — Noirs, Africains, Musulmans, Arabes, Communistes, Asiatiques, Russes, Orthodoxes, etc…
La guerre de l’Ukraine qui défraie la chronique de nos jours est un exemple de ce travers idéologique. Après avoir accablé la Russie d’injustices sans nom depuis plusieurs décennies, maintenant qu’acculée, elle réagit préventivement pour limiter leur excès, les voilà qui crient au crime et à la violation du droit international.
Au lieu de reconnaître leurs injustices, s’amender et y mettre fin dans l’intérêt de la paix, ils jouent les fiers à bras, hurlent des menaces et rodomontades en feignant d’être les victimes alors qu’ils sont les agresseurs, les faiseurs d’histoire. Ils exhortent l’Ukraine à résister. Pour eux, cette résistance est gage d’histoire.
Si la Russie s’enlise comme ils font tout pour que ce soit le cas, ils espèrent que les sanctions économiques à son encontre précipiteront son écroulement. Dans ce cas, l’Histoire aura avancé d’un grand pas dans le sens de leurs fantasmes.
Si au contraire la Russie, qui a bien préparé son offensive avant de la déclencher, au bout d’un temps plus ou moins long parvenait à ses fins, les Occidentaux défaits estimeront toutefois le lui avoir fait payer au prix fort, et ce prix entrera dans l’histoire même s’il sonnait le glas de leur mainmise sur elle.
A terme le risque de l’obsession des Occidentaux à vouloir faire l’histoire à tout prix est que celle-ci finisse par les défaire. Et, de ce point de vue, ce n’est pas exagéré de dire qu’avec l’Ukraine, ils se sont retrouvés au bord du gouffre de l’Histoire.
Adenifuja Bolaji
