Nigeria : Malgré la Récession, Buhari Hésite à Rouvrir les Frontières

M. Buhari

Le gouvernement nigérian ne semble pas pressé de rouvrir ses frontières malgré les conseils d’experts selon lesquels la levée du blocus aidera à enrayer sa pire récession depuis des décennies et à atténuer les difficultés auxquelles sont confrontés ses citoyens.
Le Nigéria est entré dans sa deuxième récession en cinq ans au troisième trimestre de 2020, ont montré les données du PIB publiées par le Bureau nigérian des statistiques.
De nombreux experts ont fait valoir que le gouvernement devra dépenser son argent et donner aux citoyens les moyens de dépenser davantage.
Mais une fermeture de la frontière qui est en place depuis août 2019 a vu les prix monter en flèche, avec une inflation à son plus haut depuis 30 mois, ce qui pose un défi pour l’augmentation des dépenses.
Mercredi, le ministre des Finances, du Budget et de la Planification nationale, Zainab Ahmed, a déclaré que le président Muhammadu Buhari recevrait bientôt un rapport d’un comité présidentiel chargé de conseiller sur la réouverture des frontières du pays.
Mme Ahmed, qui a pris la parole à Abuja à l’issue de la réunion du Conseil des Ministres, n’a cependant pas précisé la date de soumission du rapport et également la date de la réouverture.
Mais, lors d’une discussion au 26e Sommet économique nigérian (NES # 26), Mme Ahmed avait assuré que les frontières seraient bientôt rouvertes.
«Nous avons fait une évaluation. Le président a mis en place un comité et nous avons fait une évaluation et tous les membres du comité ont accepté et recommandent au président qu’il est temps de rouvrir les frontières », avait-elle dit.
«L’objectif a été atteint en ce sens que nous avons pu, au cours de ces quelques mois, travailler avec nos partenaires dans un comité tripartite et faire une patrouille frontalière conjointe et renforcer le caractère sacré des engagements que nous avons pris envers chacun ‘entre nous.

Lire : Nigeria : Ce que Cache la Fermeture des Frontières par Buhari

Mais cette histoire de fermeture des frontières par Buhari est l’histoire de l’arroseur arrosé. On peut même se demander si, dans sa compulsion idéologique à fermer les frontières, M Buhari a pris la peine de peser un tant soi peu les avantages et les inconvénients pour le Nigeria qu’il dirige. A vrai dire, son inspiration est plus régionaliste qu’autre chose. Dans son esprit étriqué de tribaliste peul musulman du Nord, le vieux Bigot ne voyait dans l’existence des frontières que l’intérêt des pays côtiers du Sud comme le Bénin et le Cameroun. Et les excès de ces pays qui sont condamnables semblaient dépasser à ses yeux ce que le Nigeria voire même la sous-région tout entière gagnaient au principe de l’existence et de l’ouverture des frontières. A force de ne regarder les choses qu’à travers son œillère de régionaliste, les trafics illicites qui seraient la rasions de la fermeture des frontières ne profileraient qu’aux sudistes qu’ils soient Nigérians ou d’ailleurs, au détriment des paysans nordistes. Et, dans son esprit, c’est pour redonner à ceux-ci ce qu’il reprendrait à ceux-là qu’il a décidé la fermeture des frontières, l’existence et le fonctionnement desquelles sont érigés par lui et ses congénères — comme l’ex-banquier central Sanusi Lamido et d’autres — en la cause essentielle de la pauvreté relative du Nord sur le Sud. Ce raisonnement et cette manière de voir les choses ne sont pas nouveaux chez Buhari, qui n’en est pas à sa première fermeture des frontières ; car le même Buhari sans sa première expérience présidentielle en tant que militaire, avait eu à fermer les frontières. Il est vrai que le coup d’Etat qui mettra vite fin à son aventure militaire en politique a rétabli les choses. Cette fois-ci, avec une opération qui a duré plus d’une année, nous assistons à la plus longue fermeture des frontières nigérianes, et ce au mépris du droit inaliénable des peuples de la région à se déplacer, à échanger, bref à vivre tout simplement. Maintenant, les conséquences de cette décision stupide et idiote ont fini par pointer le bout de leur nez, avec la plus grosse récession que le pays ait connu en plusieurs décennies.

Malgré cela, au lieu d’ouvrir les frontières et de desserrer l’étau, le vieux Bigot traîne des pieds : Honte de se dédire ? Ou prolongation fantasmatique d’une idée fixe ? Allez savoir ! Ce qui est sûr, c’est que la réalité finit par triompher. La réalité c’est que l’Afrique est seule une, et ceux qui raisonnent en termes de division de Nord contre le Sud, de musulmans contre chrétiens, etc. tôt ou tard perdront la face ! Il faut que nos dirigeants putatifs comprennent cette vérité basique.

Adenifuja Bolaji

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