
En général lors des élections présidentielles au Nigeria, comme dans tout le golfe du Bénin, tout se polarise autour de la dualité régionaliste Nord/Sud. Le pays ayant été dirigé pendant trente ans par une caste militaire issue du Nord musulman, de façon permanente, dans maints de leurs aspects, les constitutions ont été écrites et les lois votées de manière à favoriser le Nord. Cet état de choses a contribué à une distribution statistique de la démographie pour le moins fantaisiste dans le pays, où les bulles démographiques dans certaines parties renvoient à une sous-estimation arbitraire dans d’autres parties, tout cela à des fins de contrôle politique.
Mais lors des élections démocratiques, les succès des hommes politiques du Sud comme Moshood Abiola en 1993, ou Olusegun Obasanjo en 1999, prouvent que la prépondérance politique du Nord qui a prévalu durant la période militaire n’était ni une fatalité ni la conséquence d’une plus grande force démographique. Cette évidence s’inscrit en faux contre le sentiment que nourrissent certaines ethnies, groupes ou acteurs politiques d’appartenir naturellement à la région démographiquement majoritaire, et donc de ce fait de devoir détenir une mainmise politique permanente sur le pays au mépris de l’esprit démocratique et du principe de l’alternance. Comme le montre le tableau ci-dessous des principaux groupes ethniques du Nigeria, l’ensemble des ethnies identifiées comme du Nord ne dépasse pas les 45% de la population.
| Rang | Groupe Ethnique | % de la Population |
| 1 | Hausa | 25.1% |
| 2 | Yoruba | 21.0% |
| 3 | Igbo | 18.0% |
| 4 | Ijaw | 10.0% |
| 5 | Kanuri | 4.0% |
| 6 | Fulani | 3.9% |
| 7 | Ibibio | 3.5% |
| 8 | Tiv | 2.5% |
| * | autres groupes | 12% |
L’alternance politique démocratique au Nigeria est donc la conséquence de plusieurs facteurs, dont le facteur fédéral avec ses contraintes de quota, le facteur religieux qui transcende les régions, le facteur politique ( l’envergure et l’influence nationale des partis) et enfin, une certaine dose de cosmopolitisme qui contribue à la détribalisation du vote des citoyens.
Adeyanju Babajide
