Nigeria-Bénin : le Paradoxe de la Fermeture des Frontières

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Des voix, certaines honnêtes, d’autres moins, s’élèvent et interrogent la passivité sociale et diplomatique de Talon sur la question de la fermeture des frontières par le Nigeria. « Pourquoi Talon ne dit rien ? » se demande la vox populi. «  Pourquoi ne fait-il rien ? » Et beaucoup en déduisent que c’est la preuve de l’insensibilité sociale du Président Talon envers le peuple et sa souffrance.

Certes parmi ceux qui posent ces questions, hormis les positionnements politiques, il y a ceux qui agissent suivant le tropisme régionaliste. Il est vrai que le régionalisme est le ferment  de la libido politis sous nos tropiques, qu’il inspire avec passion et ardeur. Parmi ces gens instinctivement remontés contre Talon – pas seulement  en raison de sa  « méchanceté » et son instinct prédateur légendaire, qui ne fait pas de quartiers aux secteurs vitaux de l’économie  — combien n’applaudissent pas en secret le black-out nigérian ?  Tout ce qui déstabilise le régime qu’ils exècrent avec force passion est bon à prendre. L’ennemi de mon ennemi est mon ami…

Et puis l’étouffement économique du Bénin, qui a un impact immédiat sur la société, les petites gens, le peuple pour ainsi dire, est propice à créer les conditions sociales d’un soulèvement populaire, voire même d’un coup d’Etat. Cette analyse n’a rien de délirant encore moins d’original. Et ce n’est pas extravaguant de penser que les ennemis mortels de Talon se frottent les mains et prient le Ciel pour que la réouverture des  frontières du Nigeria n’intervienne pas avant l’assouvissement de leur fantasme du grand soir révolutionnaire.

Ce n‘est pas non plus extravaguant de se demander combien d’entre ces ennemis mortels de Talon ne comptent parmi ceux qui, au Bénin, au plus haut niveau de la sphère politique, ont fourni activement au gouvernement nigérian la caution endogène qui l’a enhardi à prendre une décision en souffrance depuis au moins l’accession de Buhari au pouvoir ?

Tel est le paradoxe bilatéral de la fermeture des frontières qu’au Nigeria, et du point de vue des  amis de Buhari, la décision, bien que non-dénuée d’arrière-pensées régressives et tribalistes, a été vendue aux Nigérians comme le nec plus ultra de l’action patriotique, alors qu’au Bénin, le venin-antipersonnel et l’égoïsme politique pourraient n’avoir pas hésité  à jeter le bébé national avec l’eau du bain.

Saïzonou-Grémont Dominique, Bruxelles, Fonctionnaire International

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