L’Afrique et les Amnésicains

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Un grave cataclysme avait frappé la terre toute entière. Son origine était inconnue. Certains disaient que c’était en représailles aux excès accumulés depuis plusieurs siècles par ceux qui,  en l’absence d’un Dieu régulateur et justicier, se sont proclamés maîtres du monde et se croyaient tout permis. Les scientifiques affirmaient que c’était le fait d’une planète ou d’une comète qui avait heurté la terre. Mais cette hypothèse ne justifiait pas tous les dégâts causés par le cataclysme. En effet, outre l’amnésie des humains causés par le choc, de tous les continents, l’Amérique était le seul à avoir été rasé ; toute trace de vie humaine y avait disparu, laissant place à la désolation et à des amas de poussières.  La destruction de l’Amérique avait été telle qu’aucun objet n’était repérable. Dans le monde entier, tous les objets à la surface et sous le sol avaient été aspirés dans le vide.  En quelques siècles, sur tous les autres continents, où les êtres humains n’avaient pas entièrement disparu, l’humanité avait reconstitué le potentiel culturel auquel il était parvenu avant le cataclysme. Mais  les hommes avaient gardé les séquelles du cataclysme.  Sous le coup de l’amnésie, ils se perdaient en conjectures de toutes sortes. L’intelligence humaine était restée intacte, mais toute mémoire du passé avant le cataclysme, aussi infime fût-elle, était effacée.

Une équipe de panafricanistes zélés, malgré et à cause de l’amnésie humaine, s’était lancée dans des recherches savantes pour déterminer quels étaient les populations de ce continent désert dont on sentait qu’il avait été habité sans savoir par qui. Des Blancs ou des Noirs ?

Après plusieurs années de recherche, dans le sud des Etats-Unis, dans la région de l’actuel Alabama, ils tombèrent sur une fosse commune dans laquelle – chose rare dans cette atmosphère complètement désincarnée –  il y avait des ossements humains miraculeusement épargnés. Après analyse, ces ossements se révélèrent être des restes de Noirs Africains. De même à Washington, le hasard voulut que le seul objet humain non aspiré par la tempête mystérieuse qui s’abattit sur ce continent fût une photo intacte de Barack Obama, assis à la table ovale de son bureau de la Maison Blanche avec l’inscription : « President of the United States of America».

Nos chercheurs panafricanistes étaient tout heureux de ces trouvailles précieuses. Sans tarder, ils se mirent à les passer au crible d’une étude scientifique sérieuse. Aux termes de leur étude minutieuse, ils en arrivèrent à la conclusion qu’avant le cataclysme, l’Amérique était habitée par des Noirs ;  et que les présidents de la plus grande nation du monde avant le cataclysme étaient des Noirs Africains. Ceux-ci avaient été à l’origine d’une civilisation qui dominait le monde entier. Cette domination ayant été établie par d’autres études savantes arrachées à l’amnésie générale de l’humanité après le mystérieux cataclysme…

Signalons que la conclusion à laquelle nos scientifiques panafricanistes étaient parvenus n’est pas entièrement fausse. En effet, l’Amérique n’aurait jamais pu atteindre son niveau actuel sans l’apport des Africains, le sacrifice et le travail de plusieurs siècles d’esclavage produit à leurs corps défendant. Mais à tout bien penser et analyser, que gagne l’Afrique à se gargariser d’une telle conclusion ?

Alan Basilegpo

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