Une satire made in Africa et se moquant de la situation sociopolitique actuelle de la France a circulé sur les réseaux sociaux. La satire s’appuie sur les manifestations violentes qui accompagnent les revendications sociales de ceux qu’on appelle les « Gilets jaunes » en France.
En inversant les rôles géopolitiques habituels entre l’Occident et l’Afrique, de pseudo-communiqués émanant de présumés gouvernements ou d’ambassades africaines à Paris prétendent suivre « avec une attention particulière la crise qui sévit à Paris, appelle les différentes parties au respect des valeurs de liberté d’expression et condamne les actes de violence. Nous appelons les différentes parties à la retenue et au dialogue ». D’autres allant plus loin, proposent de l’aide militaire à la France, l’envoi d’un détachement naval approprié pour, disent-ils, aider à « protéger la démocratie » menacée par les manifestations des soi-disant « Gilets jaunes » en France.
Eh oui, cette satire en apparence essaie de rendre aux pays occidentaux, et notamment à la France, la monnaie de leur pièce qu’ils utilisent habituellement sur le marché de la géopolitique internationale placée sous leur contrôle léonin !
Elle apparaît comme une sorte de métaphore ironique inversée du discours géopolitique des Occidentaux pour justifier leur intervention dans les pays africains, comme ils disent souvent « pour sauver la Démocratie » ou ramener la paix en danger. En plus de la défense ou de la protection d’une valeur menacée – la Démocratie, la Paix ou les Droits de l’homme – il y a aussi l’autre justification classique des Occidentaux, à savoir la protection de leurs citoyens. Dans les communiqués imaginaires africains circulant sur les réseaux sociaux, la satire propose aussi le rapatriement des Africains en Afrique afin d’assurer leur protection.
Tout cela a fait trémousser de rire les Africains, qui tout en se moquant des difficultés que traversent le gouvernement français face aux « Gilets jaunes », trouvent dans ces billets satiriques imaginaires une insigne occasion de dénoncer les nombreuses violences géopolitiques malicieusement perpétrées en Afrique par le France au nom de la sauvegarde de la Démocratie, de la paix, ou de la protection de ses ressortissants.
Mais, aussi bien les auteurs de ces billets satiriques que les Africains qui en ont fait leur pâture de défoulement aux dépens de la France ont péché par précipitation et vice de forme ; ils ont cru avoir trouvé là matière à une ironie basée sur l’inversion des rôles et des situations, histoire de dénoncer la prédation géopolitique française en Afrique. Toutefois, il y a un point capital que leur précipitation leur a fait perdre de vue : c’est que les situations que les Français ou les Occidentaux viennent soi-disant placer sous contrôle ou calmer en Afrique, ce sont eux-mêmes qui les ont crées au préalable, les feux qu’ils viennent soi-disant éteindre en Afrique, ce sont eux-mêmes qui les ont allumés !
Or, jusqu’à preuve du contraire ce n’est pas un gouvernement Africain qui a créé les « Gilets jaunes » !
Par l’absence de cet élément logique dans la satire africaine qui visait l’Etat Français, en stigmatisant ses méthodes géopolitiques en Afrique, la métaphore perd sa propriété bijective nécessaire ; elle est donc incomplète voire même invalide, et l’humour recherché tombe à plat.
Adenifuja Bolaji