
A voir le premier document ci-dessous, les mauvaises langues diront que le gouvernement est en train de construire un hôtel 4 étoiles pour ses opposants, histoire de les mettre à l’abri et à l’aise.
Et puis, on ne peut pas critiquer les conditions carcérales quasiment inhumaines au Bénin et ne pas applaudir des deux mains la création de ce joyau d’établissement pénitentiaire.
Mais entre nous, l’école vaut toujours mieux que la prison. Une bonne école, ça évite d’y finir. On aurait donc préféré voir sortir de terre plus d’écoles, et aussi plus d’infrastructures sportives accessibles au peuple. Certes, on nous parle d’un parcours de golf à Avlékété… mais le golf n’a rien de populaire. On voit mal les Zémidjan, après une journée passée sous le soleil, aller y perfectionner leur swing ; et encore moins les vendeuses à la sauvette s’y promener entre deux stands inexistants.
Au fond, on en revient à l’adage romain : du pain et des jeux.
Le pain, à la rigueur, on peut dire que le gouvernement y pense : il construit des marchés modernes. C’est vrai.
Mais ces marchés, tellement flambants neufs et tellement bien rangés, finissent parfois par effrayer ceux-là mêmes qui devraient y trouver leur place. On dirait des infrastructures conçues pour un autre peuple, habitué aux climatisations et aux stands alignés au cordeau.
Quant aux “jeux”, eux, on peut toujours les chercher. Pas de terrains de foot dignes de ce nom, pas de pistes de jogging, pas de gymnases populaires, pas de pistes d’athlétisme… Et quand, par miracle, de telles infrastructures sont prévues ou construites, elles sont pensées pour les touristes et les étrangers, soigneusement installées à l’écart, hors de portée physique et pécuniaire du peuple.
En vérité, en dix ans, rien de ce qui ressemble à un divertissement populaire n’a été rendu réellement accessible aux populations.
Rien, sauf la prison — à ceci près, bien sûr, que la prison n’a rien d’un divertissement.
Parce qu’au bout du compte, sous la Rupture, l’infrastructure la plus démocratique, la plus ouverte et la plus “populaire”, c’est bel et bien la prison.
Au Sénégal, au moins, on ne s’y est pas trompé : comme le montre le second document, on mise sur le foot, tout simplement. Là-bas, les infrastructures vont au peuple. Pas besoin de golf, pas besoin d’effets de manche : juste le sport que tout le monde aime.
