
Il y a plusieurs siècles, quand nos ancêtres étaient esclavagisés par les Blancs, ils savaient qu’ils étaient des esclaves. La chose était claire. La situation était violente et inhumaine, mais elle avait le mérite de la clarté.
De même, il y a quelques décennies quand nos ancêtres étaient colonisés par les Blancs, ils savaient qu’ils étaient colonisés. La situation était violente et inhumaine mais elle avait là aussi le mérite de la clarté.
Maintenant, depuis quelques décennies, avec les supercheries éthiques qui leur tient lieu de morale après le choc de la seconde guerre mondiale, les Blancs continuent de nous coloniser pire qu’avant, mais contrairement à nos ancêtres, on nous dit que nous sommes indépendants. Et le petit personnel politique africain qui les a remplacés et tire profit de cette position nous endort en nous faisant croire que nous sommes indépendants. Puisque c’est parce que nous serions indépendants qu’eux sont présidents, ministres, ambassadeurs, DG etc…bien de chez nous… Nous élisons ces présidents, et avons ces ministres et même un parlement, toutes choses qui entretiennent l’illusion d’une souveraineté pourtant confisquée.
En somme, contrairement à nos ancêtres, nous sommes colonisés et privés du droit de le savoir, de la conscience de notre condition. A la blessure du colonisé, les Blancs ajoutent l’insulte d’être des demeurés ou des inconscients. Avec le leurre de l’indépendance, ils nous privent de lueur de conscience. Ils nous traitent pire que nos ancêtres qu’ils fouettaient ou lynchaient pour un oui pour un non.
Et, en général, à quelques rares exception près, passionnés ou folâtres, nous mordons à l’hameçon ou jouons le jeu, confirmant par-là leur cynique pari.
Shame on us ! Nous sommes la génération honteuse !
Aminou Balogun
