
Au Bénin, nous viennent les échos d’une vie politique qui s’échine à mettre en scène son caractère ordinaire, convaincre de sa banalité. Ce désir qu’ont les collectivités humaines de se croire et se dire pareilles aux autres. Nous aurions donc un pays pareil aux autres, qui a un drapeau et un hymne nationaux comme les autres ; un pays qui a un gouvernement pareil aux autres. Nous avons même un pays où un ministre opportuniste et présumé corrompu démissionne, comme cela arrive dans d’autres pays du monde. Chose qui donne matière à moult commentaires et prises de position. Tout cela sous le regard mât d’un président comme il y en a ailleurs.
Mais en sommes-nous vraiment sûrs ? Ou bien tente-t-on de nous distraire, nous faire oublier l’épisode nigérien, ce vent qui naguère a soufflé et mis à nu l’anus du poulet nommé Talon ? Talon, vous vous souvenez ? Cet inénarrable émule de Béhanzin, ce glorificateur de Bio Guerra, ce laudateur hors pair des amazones.

Combien de présidents ordinaires étranglent un pays voisin qui ne leur a rien fait sur ordre d’une puissance étrangère ? Une puissance pour les intérêts de laquelle on prend servilement fait et cause, comme si le Bénin n’avait pas d’intérêts, comme si l’Afrique n’avait pas d’intérêts ? Combien de présidents acceptent de faire de leur pays une tête de pont pour envahir et agresser un pays voisin ? Un pays voisin qui ne lui a rien fait, mais tout simplement sur ordre d’une puissance étrangère ?
Cette question est essentielle. Ceux qui pensent que nous avons un pays comme les autres, un gouvernement comme les autres, un président comme partout ailleurs, se trompent ou se masturbent de façon infantile. Et ce n’est pas les événements farfelus ou les mises en scène de démission ou l’obsession de savoir qui va être le prochain président qui y changeront quoi que ce soit. La vraie question qui se pose est : quand est-ce qu’enfin, après plus de 60 ans de soi-disant indépendance, le Bénin aura un président à lui ? Un président soucieux avant tout des intérêts du Bénin avant ceux de la France, soucieux des intérêts des Béninois avant ceux des étrangers.
En effet, à quoi servirait le prochain président si c’est pour qu’il accepte d’étrangler le Niger ou le Burkina Faso sur simple pichenette de l’Amérique ou de la France ?
Aminou Balogun
