Nigeria, Truquage Électoral : T-6; A-4; O-2, la Subtile Innovation de Tinubu

Le vol des élections en Afrique a fait une subtile innovation avec Tinubu au Nigeria. Ce n’est plus comme le vol spontané de viande dans la sauce par un passant alléché, venant à passer devant la cuisine, pendant que la cuisinière a le dos tourné. Maintenant, le vol est organisé avec la complicité de la cuisinière elle-même. Avant, le vol concernait le premier et le deuxième candidat ; le 3ème, le 4ème et tous les autres étant comme des figurants dans une lutte entre deux gladiateurs.

Maintenant, le vol des élections prend en compte les conséquences sociales, politiques et internationales de son action. En prévision de cette répercussion, une fois le forfait commis, c’est-à-dire, une fois qu’il s’est attribué la première place, le voleur peut déterminer le rang des suivants, et notamment celui dont il a volé la première place. Il va de soi que placer cette victime en deuxième position c’est lui donner le droit moral, médiatique et politique de contestation. Or, si contestation il y aura, certains types de contestations sont préférables à d’autres. Certains types de contestations peuvent être risqués, là où d’autres sont aisés ou même ridicules.

Dans le cas des dernières élections, le milliardaire Tinubu est soutenu par la « communauté internationale », en l’occurrence, un faux nez pour les États-Unis ; le milliardaire Atiku pourrait jouer le même rôle, mais la place est prise. Enfin, Obi était l’espoir de la jeunesse, autant dire de tout le Nigeria, puisque la jeunesse représente pas moins de 75% de la population. Une jeunesse qui, une fois n’est pas coutume, est détribalisée.

Si l’on ramène le scrutin à un jeu de billes entre trois adversaires sous le contrôle d’un arbitre retors, on a les joueurs T, O, A. À la fin du jeu dont l’issue dépend des manipulations opaques de l’arbitre retors, apparaît une première redistribution que voici : 

O(7) ; T(3) ; A(2).

Évidemment, les grands manitous ne sont pas satisfaits avec cet ordre. L’arbitre instruit et grassement payé à cet effet, prélève 3 billes chez O qu’il transfère sur T.

Ce qui donne une nouvelle distribution que voici :

                                     T(6) ; O(4) ; A(2)

Mais cette distribution, bien qu’elle garantisse la première place au candidat choisi à l’avance par le système qui manipule et pille l’Afrique depuis des décennies, est potentiellement explosive : car elle consacre  un conflit de génération qui, en cette ère de nouveauté technologique et médiatique  où la jeunesse à la côte, risque d’être fatale pour l’ancienne génération.

Alors magnanime, T consent de se délester d’un point pour faire la bonne tare.

Ce qui donne la nouvelle distribution que voici :

                                     T(5) ; O(4) ; A(3)

Mais cette opération ne résout manifestement pas le problème. Pour trancher le nœud gordien,  l’arbitre prélève 2 billes chez O et en transfère une à chacun des deux autres candidats.

Ce qui donne la distribution finale :

                                     T(6) ; A(4) ; O(2) 

Après quatre mois d’assises, la cour des litiges électoraux du Nigeria vient de confirmer l’élection de Tinubu. Il ne saurait en être autrement. Ce qui montre que la justice en général, et la justice en politique est une quadrature du cercle. Ce qui est en jeu ici est le coût de sortie. Combien de Nigérians ou d’Africains imaginent sincèrement que le tribunal peut être autorisé à dire :  » eh bien, à l’issue des vérifications, nous avons constaté que c’est Obi qui est vainqueur ! En conséquence nous annulons l’élection ! Le coup d’une telle décision serait énorme, énorme !

En attendant, les deux challengers, Obi et Atiku, ont décidé de poursuivre la discussion au niveau d’une cour qu’ils jugent plus impartiale, la Cour Suprême : Souhaitons-leur bonne chance !

Adenifuja Bolaji