
Au moment où au Sénégal il est question de corruption de la jeunesse, et que par ailleurs la mode des activistes panafricanistes qui sévit sur les réseaux sociaux embouche la trompette d’une idéalité politique de la jeunesse avide de liberté et rejetant les compromis ou conditions néocolonialistes de ses parents et aînés, il est bon de rappeler qu’il ne faut pas trop surestimer éthiquement la jeunesse africaine. Car l’éthique est le produit d’une éducation qui elle aussi a fait les frais de la décadence coloniale et néocoloniale. La jeunesse africaine ne se révolte pas pour des raisons patriotiques, morales ou éthiques qu’on lui prête souvent. Elle ne se révolte pas à cause du pillage de l’Afrique auquel elle n’eût pas dédaigné participer à titre personnel en eût-elle l’opportunité, comme la caste de ses soi-disant dirigeants le fait sans états d’âme. Non, la jeunesse africaine se révolte parce qu’elle a faim ; elle se révolte, parce qu’elle est angoissée de son présent et de son avenir ; elle se révolte parce qu’elle veut ressembler aux jeunes des continents bien nés, des nations bien faites et des états dont les gouvernements ont de manière responsable le souci de l’avenir de leurs peuples ; la jeunesse africaine se révolte parce qu’elle a besoin de vivre, de rêve et d’ambition dans un monde dont la globalité n’est pas pour elle une métaphore mais une réalité qu’elle appréhende et touche du doigt chaque jour.
Rien de terriblement éthique dans tout ça. Il est à parier que si l’Occident décidait de donner un visa à chaque africain, il n’y aurait plus de révoltés africains…
Aminou Balogun
