Tragédie de Dassa : Pourquoi Dieu Aime le Bénin ?

Plus d’un regard moral se dispute l’appréciation de la tragédie de Dassa survenue le 29 janvier 2023. Ce jour maudit, un bus de la compagnie Baobab express, suite à une crevaison, n’a-t-il pas pris feu après avoir heurté un véhicule à l’arrêt contenant de l’essence. Bilan : guère moins de 22 morts et plus d’une quinzaine de blessés plus ou moins graves.

Par sa gravité, le choc des images, l’élément symbolique du feu dans sa violence infernale, le drame a mis le peuple Béninois en émoi, et cette émotion pour le coup traverse toutes les couches du pays ; et, comme l’accident met en jeu un vecteur de lien entre le Nord et le Sud, son écho pour une fois transcende les traditionnels clivages Nord-Sud inscrits dans les mentalités et qui est pain béni pour les politiques. Et chacun y va de son commentaire dans l’indignation ou la désignation des responsables ou causes lointaines et immédiates de la tragédie.

Premièrement, il y a ceux qui en profitent pour charger le gouvernement Talon – celui du moment – oubliant que des questions d’infrastructures, si le gouvernement du moment doit en répondre, restent une œuvre de longue haleine et un héritage inscrit dans la continuité de l’État ; qu’en la matière, comme le dit le proverbe fon, on ne peut tresser la nouvelle corde que sur l’ancienne.

Deuxièmement, il y a la tourbe opportuniste des diseurs de bonne aventure et autres adeptes du discours infalsifiable qui, telle une meute de charognards, se jettent sur la tragédie pour la mettre à sa sauce douteuse ; à coup de prophéties et de roublardises occultes, se disent être dans le secret des dieux ou du diable. Certains poussent même le culot manipulatoire jusqu’à prétendre avoir prédit le drame, histoire d’abuser de la crédulité des faibles d’esprit.

Enfin, il y a les esprits positifs, quoiqu’un tantinet cyniques, qui tout en regrettant, tout en s’attristant, tout en compatissant avec les victimes et leurs familles se disent «  Mais Bon, Dieu comment se fait-il que ce genre de tragédies n’arrive pas plus souvent ? » Pourquoi ne se produit-il pas plus souvent quand on voit la myriade de facteurs causaux accidentogènes qui caractérisent notre société ?

Routes inadaptées, étroites et en mauvais état, niveaux de trafic confus –piétons, vélos, motos, autos, camions se côtoyant pêle-mêle dans le même boyau routier – agents de sécurité corrompus, conducteurs incivils, agressifs et égocentriques, véhicules-poubelles ; anarchie généralisée.

Bref, avec un tel désordre typiquement africain, on peut se demander pourquoi de tels drames n’arrivent pas plus souvent et, une fois n’est pas coutume, tomber d’accord avec certains bondieusards qui estiment que Dieu aime le Bénin…

Aminou Balogun

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