
La réponse actuelle de l‘occident face à l’action militaire de restauration politique de la Russie en Ukraine se traduit en différentes postures qui s’appellent et se complètent les unes les autres:
- La diabolisation
- La dramatisation
- La criminalisation
- La mondialisation
- La psychiatrisation
- Et la judiciarisation
Selon la posture de la diabolisation, tous les médias sans vergogne ni retenue, tous les hommes politiques occidentaux entonnent la même rengaine qui fait de Poutine le diable. Dans cette veine, on instaure un climat de dramatisation qui laisse penser que l’événement est inédit ; que c’est la première fois qu’un État en envahit un autre sans respect des règles internationales. On est alors vite passé de la dramatisation à la criminalisation. On passe du crime diplomatique au crime militaire en passant par le crime d’agression. Et tout est fait pour attirer le spectre du crime de guerre nécessaire pour porter la criminalisation à son apogée. La mondialisation est vite entrée en scène. Alors que les guerres comme celle de l’Irak, qui en quelques mois ont fait plus d’un million de victimes innocentes, n’ont jamais induit l’idée ou l’inquiétude d’une guerre mondiale, une guerre somme toute localisée dans une région bien circonscrite de l’Europe, et qui pour des raisons historiques est plus proche d’une guerre civile qu’autre chose, est tout de suite propulsée au firmament d’une guerre mondiale. Parce que l’habitude a été prise depuis 1914, où dès que deux tribus européennes toutes chrétiennes se battent entre elles, on étend indûment le conflit au monde entier, et ce par un atavisme ethnocentrique indécrottable. Ainsi, on parle déjà de guerre mondiale, alors que le conflit, tel qu’il se présente, n’a rien en principe d’un conflit intercontinental, et est à peine un conflit international.
La psychiatrisation quant à elle va de pair avec la diabolisation. On ne se contente pas seulement de faire de Poutine un épouvantail, un diable, mais en vérité, on estime que ça ne tourne pas rond dans sa tête, qu’il est devenu imprévisible, un fou. Car, il faut être fou pour ne pas laisser l’Amérique et ses alliés vous encercler militairement jusqu’à vous étouffer. Il faut être fou pour oser envahir un pays européen, alors que ce sont les Européens qui ont le droit divin exclusif d’envahir les autres — les Arabes, les Africains, etc… — Et voilà que Poutine ose envahir un pays d’Europe : il faut être fou pour oser faire ça, ce crime de lèse-majesté contre le Blanc !
L’Occident ne se place pas dans l’optique de la paix, qui dans l’esprit de son maître américain, est conditionnée par l’encerclement, l’étouffement et la réduction culturelle et économique de la Russie – ce pays qui s’est octroyé le luxe de détenir à lui tout seul les fantastiques ressources de l’immense Sibérie. Telle est la condition de la pax américana, et c’est ça ou rien, ça ou la guerre de mensonges. La Russie n’a pas le droit d’exister si elle ne se soumet pas à l’ordre des fantasmes géopolitiques américains. Cette conception léonine des rapports internationaux est pour le moins inquiétante. Et l’on voit en quoi le combat des Russes aujourd’hui est un combat universel, un combat exemplaire, un combat pour les autres nations – petites, moyennes ou grandes — du monde qui aspirent à vivre sans être inféodées à l’ordre et aux intérêts des Blancs d’Europe et d’Amérique qui, où qu’ils soient sur la terre, et malgré leur distinction apparentes, se comportent de façon raciste comme une entité consciente de son unité et obsédée par la réduction des autres.
Alors que, dans un véritable esprit de paix, il eût été sain d’appeler très vite les deux États en conflit à un dialogue réaliste qui tienne compte de leurs intérêts vitaux, l’Occident a préféré le parti de la guerre et du pourrissement. « La guerre ou l’encerclement militaire ! », tel est son slogan, et la seule alternative qu’il laisse à la Russie. Au nom d’un héroïsme de la résistance et sur fond de rodomontades creux, on arme l’Ukraine, on l’encourage à tenir tête, à faire face à ce qui est présenté comme un crime antinational inédit. Le but de ce parti pris guerrier est d’occasionner des souffrances et des morts parmi la population ukrainienne, de la diviser encore plus qu’elle ne l’était auparavant, quitte à mettre tout ce passif au compte de la Russie, en tant qu’agresseur. En l’occurrence, l’Ukraine qui est poussée et ceux qui la poussent à faire face à une force cent fois plus puissante que la sienne, alors que la voie raisonnable et rationnelle de la négociation tombe sous le sens, ne seront responsables en rien des conséquences de leur choix calculé. L’Ukraine, dans l’entendement propagandiste de l’Occident a le droit de la victime.
Quand il y aura au moins autant de morts sur le compte de la Russie qu’il n’y en avait sur le compte du gouvernement ukrainien dans sa répression aveugle d’une partie de la population, on passera à la phase de la judiciarisation. On parlera de crime contre l’humanité qu’on découvrira miraculeusement après des années de silence !
Adenifuja Bolaji
