Chaworoïdè Revisité ou la Petite Histoire d’un Chef-d’œuvre Politique

Dans ce document vidéo, le grand cinéaste et homme de culture Tunde Kelani revisite une œuvre monumentale et à haute portée pédagogique et culturelle, Saworoide, qu’il a produite et réalisée en 1999.

Saworoide est un drame politique yoruba et en même temps typiquement africain. Il met en vedette des acteurs fétiches Kola Oyewo, Bukky Wright, Lere Paimo, Larinde Akinleye, Peter Fatomilola, Kunle Bamtefa, Adebayo Faleti, Kayode Olaiya et Doyin Hassan, et bien d’autres moins connus ou qui seront connus après.

L’histoire se déroule à Jogbo,  royaume imaginaire et symbolique, à quelques encablures du Bénin, du côté du Nigeria.

En montant sur le trône de Jogbo, Lapite n’y va pas par quatre chemins pour se dévoiler tel qu’en lui même : un dirigeant corrompu et despotique, terrorisant ses sujets et se livrant au pillage des ressources naturelles à des fins personnelles.
A sa suite, dans un coup d’Etat meurtrier, Lagata force sa marche vers le pouvoir. Aidé d’hommes de main de l’ancien régime, il met en scène son auto-investiture au mépris de la loi sacrée qui régit un tel rituel, depuis des temps immémoriaux, et que le fâ, par la voix du devin a déjà consacrée. N’ayant pas été investi par le peuple, et n’ayant pas reçu l’onction sacrée, s’il se fait mettre la couronne royale sur sa tête, et que le tam-tam magique, Saworoide résonne à ses oreilles, alors comme a prévenu l’oracle, il mourra d’attaque cérébrale…

En fait, le tam-tam Saworoide est la métaphore de la voix du peuple…de sa souveraineté.  La voix du peuple seule donne le pouvoir, elle seule fait les rois et non la volonté de puissance ou la ruse de quelques aventuriers sans foi ni loi…

Cette allégorie de la vie politique africaine examine les traumatismes politiques qui se sont abattus sur le Nigeria après l’indépendance. Une allégorie  qui résume de façon ironique et précise toute la tragicomédie de la vie politique africaine…

Saworoide a été répertorié comme l’un des 10 films yoruba les plus vendus. Et c’est cette riche expérience que nous conte l’auteur dans ce document où nous avons la chance d’entendre la savoureuse lecture faite par Bisola Ojo du récit de l’histoire du film transcrit par le grand poète et écrivain de langue yoruba, Akínwùmí Íṣọ̀lá.

Adekoya Badero

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