
Ce qui m’énerve chez Madougou, c’est qu’elle ose la ramener, alors qu’elle est en intelligence active et servile avec le pouvoir dictatorial qui opprime non pas un peuple lointain du fin fond du Kamtchatka mais le peuple africain le plus frère que les Béninois puissent connaître : celui du Togo voisin. Madougou la ramène alors qu’elle est comme cul et chemise avec Faure Eyadema dont la dynastie opprime les Togolais depuis plusieurs décennies – oppression ponctuée de fraudes électorales, de crimes de sang, de répressions en tout genre, de tribalisme, de crimes économiques incessants. Comment quelqu’un qui est intimement lié – et qui ne s’en cache pas – à un pouvoir dictatorial dans un pays si proche, peut-elle avoir l’outrecuidance de venir pleurer sur ses droits démocratiques prétendument bafoués alors qu’elle contribue à en frustrer des millions d’Africains outre-Mono ? Ange en-deçà du Mono, diablesse au-delà ?
Avec sa complicité avec le dictateur héréditaire Faure Eyadema, je serai à sa place que je n’en mènerai pas large, je raserai les murs, je me tairai, je me terrerai, voire !
Au lieu de quoi, Notre-Dame-des Martyrs s’égosille, s’époumone, prend des postures de veuve offensée par la dictature du Bénin, qui dans le fond n’est pas d’un métal si différent de celle à laquelle elle apporte son soutien actif et servile Outre-mono. Il faut être vraiment culotté et égoïste pour vouloir réclamer justice pour soi, lorsqu’on qu’on contribue sans états d’âme à en priver des millions, dans le pays voisin !
Est-ce parce qu’elle croit que les Africains et plus précisément les Béninois ne savent pas ce qu’est le régime togolais qu’elle sert ? Ou, espère-t-elle qu’on va la prendre pour la caution morale du régime ? Celle qui contribue à le dompter, à l’humaniser en lui dispensant l’aura de sa bonté innée ?
Drôle d’apprivoisement qui tarde à produire ses effets et dont on a vu encore récemment qu’elle n’a pas empêché les crimes qui présidèrent aux dernières élections au Togo, à nouveau confisquées par la dynastie Eyadema avec la bénédiction et le silence complice de la France de Macron.
Non, l’outrecuidance de Madougou frise la schizophrénie ; elle trahit la culture de l’irresponsabilité qui caractérise les politiques africains, qui tablent volontiers sur l’amnésie et la cécité des populations. Madougou se comporte comme si elle était un ancien président à qui on pardonnerait ses crimes parce qu’il n’est plus au pouvoir, et que peut-être ses successeurs font pire qu’il ne faisait. A ceci près que la traversée du Mono n’est qu’une traversée de l’espace, pas une traversée du temps : preuve s’il en est d’une schizophrénie malsaine et préjudiciable.
Aminou Balogun
