Depuis la mascarade d’Abidjan autour de l’ECO, tous les regards des Africains étaient tournés vers les pays anglophones de la CEDEAO, notamment le Ghana et le Nigeria. Le fait est que les Africains francophones sentaient qu’ils n’avaient plus rien à attendre des pays francophones vu que leurs dirigeants à la solde de la France sont pieds et point liés dans une mascarade où chacun a reçu un rôle à jouer. Ainsi, Monsieur Talon, Président du Bénin, ex-Dahomey, pays de Béhanzin, avait eu le privilège de faire des annonces audacieuses censées être perçues comme révolutionnaires sur les décisions que Macron finira par confirmer. Le Togo de Faure Eyadéma, avec sa petite économie, et moyennant sans doute quelques manips au niveau des réserves de change domiciliées à Paris, a été revêtu du manteau du bon élève ayant rempli miraculeusement les critères de convergence, ce qui accréditerait l’idée que les pays francophones pouvaient ouvrir les premiers la voie vers l’intégration monétaire au nom de l’ECO, en attendant d’être rejoints par les pays anglophones.
Mais peut-on sérieusement imaginer un seul instant que les conditions fixées par la France satisferaient les pays anglophones et seraient acceptées par eux ? Rien n’est moins sûr. Sans nul doute, l’objectif de la France est d’anticiper et de créer les conditions d’un système à deux vitesses, qui lui permettrait de pérenniser sous cape la colonisation monétaire des pays africains francophones en vigueur depuis soixante ans. L’objectif de la France est de baptiser du même nom ECO deux systèmes monétaires politiquement et philosophiquement différents. Et elle espère que les pays anglophones, insensibles au malheur de leurs frères francophones, la laisseront faire. Comme les soi-disant indépendances des pays Africains francophones elles-mêmes, cette colonisation monétaire fait partie de la grande mascarade des rapports de la France avec l’Afrique, aussi bien aux yeux des Africains qu’aux yeux du monde.
On comprend alors l’intérêt pour les Africains de la réaction du Ghana et du Nigeria, les deux plus grandes puissances anglophones de la CEDEAO. Alors que celle du Nigeria se fait attendre, la réaction du Ghana est maintenant rendue publique. Le gouvernement ghanéen a fait savoir qu’il avait pris note de la déclaration des pays de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) de cesser l’utilisation du franc CFA en faveur de la nouvelle monnaie commune proposée de la CEDEAO, l’ECO, à partir de 2020.
«Il s’agit d’une évolution bienvenue, que le Ghana applaudit chaleureusement. C’est un bon témoignage de l’importance qui est attachée non seulement à la mise en place de l’union monétaire, mais aussi au programme plus large de l’intégration ouest-africaine.
«Au Ghana, nous sommes déterminés à faire tout ce que nous pouvons pour nous permettre de rejoindre bientôt les États membres de l’UEMOA dans l’utilisation de l’ECO, car nous pensons que cela aidera à éliminer les barrières commerciales et monétaires, à réduire les coûts de transaction, stimuler l’activité économique et élever le niveau de vie de notre peuple », a déclaré le gouvernement ghanéen.
Comme on le voit, le Ghana fait mine d’ignorer les arrières pensées françaises qui sont au principe de la mascarade d’Abidjan et fait comme si l’antécédence des pays de l’UEMOA ne cachait pas d’autres intentions que la bonne volonté ouest-africaine qu’il félicite. Pourtant, dans les milieux francophones acquis à la Françafrique, cette déclaration du gouvernement ghanéen a été brandie comme une approbation de la mascarade d’Abidjan et a fait la une des journaux. Or, à en juger par ses termes, la déclaration ghanéenne s’est voulue très diplomatique et se contente de rester à la surface des propositions faites par la France, comme s’il ne voulait même pas oser faire une plongée dans les arrières-pensées colonialistes dont elles sont grosses.
Pourtant l’irrecevabilité de ces arrières-pensées françaises, évidente pour des pays anglo-saxons qui n’imaginent pas le type de rapport que la France continue d’imposer à leurs frères francophones, apparaît clairement dans la déclaration ghanéenne que la presse francophone acquise à la Françafrique a fait mine de passer sous silence. En effet, la déclaration, signée par le directeur des communications de la Direction des communications du pays, Eugene Arhin, indique que le gouvernement ghanéen exhorte les autres États membres de la CEDEAO à « travailler rapidement à la mise en œuvre des décisions des autorités de la CEDEAO ».
Ces décisions, selon la déclaration, devraient inclure «l’adoption d’un régime de taux de change flexible, instituant un système fédéral pour la Banque centrale de la CEDEAO et d’autres critères de convergence convenus connexes, pour garantir que la région atteigne les objectifs monétaires de la CEDEAO dans les meilleurs délais pour tous les membres États ».
Dans ces conditions, comment peut-on sérieusement dire que le Ghana approuve la mascarade d’Abidjan lorsque dans ses nouvelles propositions la France maintient la parité fixe de l’ECO version ADO avec l’EURO ? Au risque d’être déçu par la clique francophone dirigée par Ouattara, le Ghana de Nana Akufo-Addo fait mine de ne pas imaginer les arrières pensées colonialistes de la France, en espérant que le principe de l’indépendance monétaire de la CEDEAO s’imposerait aux uns et aux autres le moment venu. Peut-être aussi que le Ghana préfère-t-il que la décision finale revienne au Nigeria dont l’économie représente plus de 65% de toute la zone.
Or le Nigeria s’enferme dans une attitude de wait and see qui en dit long sur sa gêne sinon sa révulsion par rapport à l’intrusion française. Plus d’une semaine après la mascarade d’Abidjan, le gouvernement nigérian, dans une déclaration du ministère fédéral des Finances, du Budget et de la Planification nationale, a annoncé lundi qu’il étudiait la situation dans l’espoir de trouver une réponse appropriée plus tard.
«Le Nigeria a été informé du changement de nom de la monnaie UEMOA, le CFA en ECO soi-disant monnaie unique de la CEDEAO. Le Nigéria étudie la situation et répondra en temps voulu », a déclaré un communiqué concis signé par Yunusa Abdullahi, porte-parole du ministère fédéral des Finances, du Budget et de la Planification nationale.
Comme on le voit, ni le Ghana ni le Nigeria n’approuvent et n’approuveront la volonté française de torpiller l’ECO et d’en faire un système à deux vitesses. Mais leur réponse pour l’instant se veut mesurée et diplomatique. L’un feint de ne pas voir les arrières-pensées françaises, tandis que l’autre se hâte lentement avant d’en juger. Il faut rappeler que Nana Akufo Addo, en raison de son franc-parler, avait été menacé d’un accident d’avion, il y a quelque temps ; et que le Nigeria est aux prises avec le groupe Boko haram qu’une puissance colonialiste qu’on ne nommera pas ici est accusée d’aider logistiquement et militairement. Dans ces conditions, on comprend que la résistance de ces deux poids lourds anglophones incontournables de la CEDEAO se veuille d’abord diplomatique avant toute chose…
Adusei Boateng
La morale de l’histoire est que ces deux pays du Commonwealth dont l’économie est comme ceux des autres membres, alignées sur le dollar, feront durer interminablement leur décision pour deux raisons:
1. Ils ne sortiront jamais du Commonwealth qui est sécurisant pour eux.
2. Ils ne comprennent pas et ne veulent pas essayer de comprendre les entourloupes de la France.
Mais c’est sûr que la stature de bon diplomate leur convient bien pour le moment. Comme l’à dit Sir Winston Churchill
« UN BON DIPLOMATE EST QUELQU’UN QUI PEUT ÉGORGER SON VOISIN SANS QU’IL S’EN APERÇOIVE »
Le fait d’être dans le Commonwealth n’est pas incompatible avec le fait d’avoir une monnaie africaine commune, puisqu’ils avaient déjà une monnaie nationale ; et si le projet n’était pas torpillé, il devrait les avantager dans sa version afro-africaine sans interférence française. Donc, je ne vois pas pourquoi l’appartenance au Commonwealth serait une raison majeure pour ne pas s’inquiéter ou chercher à s’inquiéter des agissements français…
Oui, je suis d’accord avec vous et plusieurs comme moi ont fini par comprendre les avantages comparatifs de l’ECO, ( monnaie commune sans interférence de la France ) avec les monnaies nationales comme le Ghana Cedis, le Naïra et autres…
Seulement voilà, le concept de souveraineté dans les pays africains anglophones est si fort que en ce qui concerne le Ghana par example lui prendre son Ghana cedis utilisé avec succes depuis 60 ans ne Sera pas possible dans un futur proche.
Il faudra faire comprendre au citoyen lambda que tous les africains sont frères et que le Ghana n’est pas supérieur aux pays francophones.
Car c’est de cela qu’il s’agit, Egalité, Fraternité et Solidarité. Ce que l’on n’explique pas suffisamment dans ce project.
Ce que pensent les anglophones et qu’ils ne disent pas haut est que adopter cette monnaie unique est avant tout pour sauver les francophones du CFA, parce que eux n’ont pas CE souci avec leurs monnaies nationales respectives.
Il n’y a donc ni urgence, ni péril en la demeure pour eux.
Que les francophones fassent leur boulot, c’est à dire se libérer du Pacte colonial, et ILS les rejoindront pour la monnaie unique et bien plus encore.
C’est mon Avis.