On se demande souvent comment se fait-il que les pays Occidentaux et d’autres en Asie ou en Amérique sont puissants ou prospères mais pas ceux d’Afrique.
Il y a plusieurs raisons au retard africain. Il y a bien sûr le retard historique introduit par l’esclavage et le colonialisme. Une autre raison réside, comme nous l’avons précédemment relevé, dans la navrante extraversion des élites africaines, aussi bien dans la connaissance que dans la reconnaissance des savants.
Mais autrement plus importante est la raison éthique et politique, au sens de rapport de force – dans la mesure où elle est le corollaire des précédentes. Dans les pays qui sont aujourd’hui puissants ou prospères, le rapport de force est toujours en faveur des meilleurs au détriment des médiocres ; il l’est aussi en faveur des bons contre les mauvais, des vertueux contre les vicieux, des travailleurs contre les paresseux, des patriotes contre les apatrides, des intègres contre les vendus, des prêcheurs de vérité et de justice contre les menteurs et les injustes, des honnêtes contre les corrompus.
En Afrique, il en va tout autrement. En toute circonstance ou presque et dans tous les domaines ou presque, ce sont les mauvais qui l’emportent sur les bons, les corrompus sur les honnêtes, les médiocres sur les meilleurs, etc…
En Afrique, ceux qui disent la vérité prêchent dans le désert et sont à peine plus écoutés que des fous qui soliloquent. Ceux qui disent par exemple que les religions étrangères à l’âme africaine – le christianisme et l’islam – qui sont aussi les religions des oppresseurs historiques et actuels du continent, sont un poison à l’âme des Africains, une calamité et une source d’aliénation immense, prêchent dans le désert et ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan grossissant des adeptes et autres croyants de ces religions bernés par des imams obscurs ou des pasteurs fornicateurs en diable qui s’enrichissent sur leur dos.
De même sont ignorés ceux qui disent que l’Afrique ne peut bouger d’un iota sur le chemin de la connaissance véritable et de la prospérité tant qu’elle ne prendra pas conscience de l’effet pernicieux de l’imposition des langues étrangères à ses enfants à leurs plus tendres âges dans les écoles et les institutions scolaires, pour les remplacer par les langues maternelles. Leurs cris d’alarme sont accueillis par un silence de nécropole ou un sourire narquois par l’élite bienpensante, qui mesure sa fierté à l’aune de son extraversion, et pour qui toute valeur est par essence exogène.
Ne parlons même pas de ceux qui, directement sur le terrain politique, ont le courage de militer pour que les ressources matérielles et humaines de l’Afrique profitent en priorité aux Africains afin que cessent l’aberration d’une situation qui fait de l’Afrique le continent le plus riche dont les habitants sont pourtant les plus pauvres du monde. A l’instar d’un Thomas Sankara, d’un Gbagbo ou d’un Kadhafi, ces Africains courageux sont éliminés et remplacés par leurs contraires acquis à la cause des intérêts occidentaux.
Dans ces conditions, dites-moi par quel miracle l’Afrique peut-elle avancer ?
Adenifuja Bolaji